En voyage au Nigeria, le chef d’état Français Emmanuel Macron, a passé la soirée du 3 Juillet 2018 au « Shrine », c’est un endroit où il s’était rendu il y a 17 ans de cela, alors qu’il avait d’autres fonctions.
Le Tweet original du président de la république
This is African energy. The one I discovered here in Lagos when I was 23. The one I am glad to see is still thriving several years later. The one I hope many Europeans will get to know. The one that is far from the African prejudice of misery. pic.twitter.com/HqFxmJn0c1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 4, 2018
Les médias Français sont passés assez rapidement sur cette information, et nous parlent de ‘temple Afrobeat de la culture‘. Mais qui se souvient de ce que les noms de Shrine et de Fela signifient vraiment ?
#Le Shrine de Fela
L’histoire du Shrine se confond avec celle du musicien et militant Fela Kuti.
Fela Kuti était un musicien très populaire parmi les couches les plus pauvres de la société Nigériane dans les années 1970. Fela est devenu légendaire après la guerre contre le Biafra. Le chanteur a subi de nombreuses années le harcèlement du gouvernement de son pays pour la consommation et la détention de Cannabis. En fait dans le cas précis de Fela, le Cannabis a été le prétexte choisi par les autorités Nigérianes pour empêcher son accès à la politique et refréner son ascension sociale et publique.
Très marqué par les mauvais traitements et affecté par le virus du Sida le musicien s’est éteint en 1997. Mais il a laissé derrière lui un lieu magique, chargé d’espoirs et de revendications libertaires et pro-Cannabis.
En fait le Shrine a tellement vu de concert de Fela et la popularité du chanteur devenue si grande dans tout le pays, que le lieu fut rebaptisé ‘Fela’s New Shrine’, c’est toujours ainsi qu’il est connu.
Après que le chanteur y ait animé les plus enfumées des soirées Afrobeat des années 70 et 80 le Shrine est devenu le théâtre d’un hommage permanent à sa mémoire et à son esprit insoumis.
#Fela à Paris
En 1983 le célèbre musicien Africain s’est produit a Paris à l’occasion de la Fête de l’humanité. Maurice Narcozy un militant du Norml France, alors journaliste photographe nous raconte.
« … il fumait plus de pétards que Bob Marley »
« Je me souviens du Shrine, c’était une boite privée à la base, un club, le premier club de Cannabis de musique et de contestation, un peu l’équivalent du Melkweg d’Amsterdam. Bref, c’était le premier Cannabis club de l’histoire.
Fela est un grand résistant qui a payé cher sa rébellion par de multiples passage à tabac et séjours en prison. Il fumait plus de pétards que Bob Marley.
Je l’ai vu et photographié en concert à la fête de l’Huma en 83, je suis un passionné de musique Africaine, donc forcément j’ai toujours suivi Fela.
En 1986 je me suis trouvé en commande pour libération sur la fête de l’Humanité. C’était un événement gigantesque à La Courneuve, en septembre sous la pluie, comme d’hab. A cette époque la fréquentation y frôlait le million de personnes. Fela était vraiment la tête d’affiche principale. »
« … après le concert et je l’ai trouvé torse nu, le joint au bec, entouré de déesses africaines »
« Pour la petite histoire, le jour du concert à Paris, je suis finalement parvenu jusqu’à la loge de Fela. C’était après le spectacle et je l’ai trouvé torse nu, le joint au bec, entouré de déesses africaines. Des photos de concerts j’en ai fait des milliers mais va savoir pourquoi, ce jour là j’ai loupé techniquement les 4 photos que j’ai fait de lui. »
Allez, histoire de faire plaisir à Maurice et pour honorer la mémoire de Fela; on vous laisse, une fois n’est pas coutume, avec ces quelques clichés. Vive la musique, vive la liberté et longue vie à l’esprit de Fela.
Crédits image: fela.net / felakuti@FB / Trip Advisor
Remerciements : Maurice Narkozy
— Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés —