Pascal Douek, si ce nom ne vous dit rien alors raison de plus pour lire cet article.
Aujourd’hui nous avons l’immense plaisir de recevoir pascal Douek pour une nouvelle interview exclusive sur Le Cannabiste.
LC: Bonjour Pascal, avez-vous appris à vous soigner avec du Cannabis à l’Académie de médecine?
Eh bien non. A la faculté de médecine, j’ai appris comme tous les médecins, que le cannabis était une drogue, un stupéfiant. Qu’il était addictif et toxique.
Jamais nous n’avons abordé le cannabis comme une plante capable de soulager.
LC: Comment s’est déroulée votre propre rencontre avec cette plante?
En dehors de mes expériences de consommation récréative quand j’étais jeune, c’est lorsque j’ai été approché par l’ANSM pour rejoindre le CSST (Comité Scientifique Spécialisé Temporaire) Cannabis Thérapeutique en 2018 que je m’y suis intéressé.
Compte-tenu de mon rôle de représentant des patients atteints de Sclérose en Plaques, j’ai cherché à interviewer des malades qui étaient utilisateurs. Et j’ai été impressionné par ce qu’ils m’ont raconté. Chez ces malades l’utilisation du cannabis avait transformé leur vie.
LC: Dans le cas de votre propre pathologie quels sont les bénéfices/inconvénients du Cannabis et vous le consommez comment?
Entendre ces malades me raconter comment le cannabis avait soulagé leurs symptômes, comment il leur avait permis de réduire la quantité et le nombre de médicaments antalgiques, ça m’a incité à l’essayer.
J’ai une sclérose en plaque et je souffre de spasticités douloureuses, ce sont des symptômes sur lesquels le Cannabis médical m’apporte un certain soulagement.
Les bénéfices que j’avais entendu, portaient sur la spasticité et les douleurs, 2 symptômes invalidant de la sclérose en Plaques. J’ai d’abord suivi le témoignage d’une malade qui se fournissait en Suisse et qui le mâchait …
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Je dois dire que ce n’est pas très agréable et surtout cela n’a pas eu d’effet intéressant sur mes symptômes, probablement parce qu’il s’agissait d’une forme avec un taux de THC très faible. J’ai ensuite utilisé du cannabis issu du marché noir Mais les effets psychoactifs étaient trop violents.
Je me suis finalement équipé d’un vaporiser. Des amis m’ont donné du cannabis qu’ils cultivaient mais dont ils ne connaissaient pas le profil. La encore une fois j’ai eu des effets psychoactifs trop forts. Je me suis donc lancé dans le mélange de différentes variétés de cannabis mais avec un succès mitigé.
L’utilisation du cannabis à usage médical nécessite de savoir la composition précise en THC et CBD de la variété utilisée. C’est cette composition, le ratio THC/CBD qui permet de connaître l’effet recherché.
LC: Comment les patients font ils pour se procurer du Cannabis autour de vous ?
J’en vois 3 catégories
- ceux qui se fournissent au marché noir
- ceux qui cultivent
- ceux qui se fournissent à l’étranger
Dans tous les cas c’est compliqué pour eux et surtout cela s’effectue dans un contexte d’illégalité.
LC: Vous en pensez quoi vous d’une manière générale, de l’expérimentation Française du Cannabis médical?
Je pense que c’est une grande avancée. Si la France est l’un des derniers pays à autoriser le cannabis médical, elle a tiré les leçons des difficultés qu’on rencontré les autres pays.
La formation des professionnels de santé et la délivrance gratuite des traitements aux patients font partie des choix importants de cette expérimentation.
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Une expérimentation qui porte sur 3000 patients pendant 2 ans peut paraître ridicule au regard du nombre élevé de patients qui pourraient être soulagé par le cannabis médical. Toutefois il s’agit d’une expérimentation et son objectif est de recueillir des data sur ces patients pendant 2 ans afin d’envisager une extension de l’autorisation du cannabis médical.
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LC: La consultation nationale sur le cannabis récréatif, vous y avez participé? Votre avis?
Oui bien évidement j’y ai participé. Je pense que c’est une très bonne initiative.
Mais généralement ceux qui répondent à ce type de démarche ne sont pas représentatifs de la population. 250 000 participants, ça peut paraître beaucoup pour un sujet de cette importance c’est peu.
La vraie question sera quel crédit accorder aux conclusions de cette consultation.
LC: Y a t-il selon vous une différence entre Cannabis médical et récréatif?
Bien évidemment. Ce sont 2 mondes totalement différents.
Ils diffèrent par les variétés de cannabis utilisées et par sur les utilisateurs.
Les variétés de cannabis utilisées en récréatif sont des variétés sélectionnées pour leur forte teneur en THC. Elle s’adresse à des usagers qui recherchent l’effet planant, psychoactif.
Les variétés de cannabis utilisées en médical sont des variétés spécifiques identifiées par leur différents raie THC/CBD et cultivées, récoltées et transformées dans un environnement pharmaceutique pour obtenir des produits de qualité pharmaceutique.
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Le cannabis médical s’adresse a des malades qui présentent des symptômes précis et pour lesquels on recherche le soulagement. Alors que faire face à la prolifération des offres liées au CBD, partout en ligne? Il faut rester vigilant.
Le monde du CBD bien-être connait une période de folie qui voit nombre de boutiques et de sites d’e-commerce exploser. Et ce phénomène se déroule dans un contexte de vite juridique. Il n’existe pas d’encadrement sur les doses de CBD ni sur les additifs. Et il n’existe pas de protection des consommateurs. Enfin, on peut également se poser la question de la formation des vendeurs.
LC: Vous avez une variété de Cannabis médical préférée docteur? Laquelle et pourquoi?
Non je n’ai pas encore trouvé de variété qui me soulage. J’ai débuté le traitement expérimental proposé par l’ANSM fin avril dernier. Pour le moment le dosage proposé sera augmenté progressivement, alors je n’ai pas encore atteint la dose efficace.
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Interview exclusive réalisée en ligne en Mai 2021 par la rédaction
– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –