L’expérimentation toute rikiki du Cannabis médical en France devait se terminer en principe en mars 2023 pour laisser place à un encadrement légal. En deux ans 2000 patients y ont participé avec un taux de satisfaction globalement de 70%. Mais cela ne semble pas satisfaisant pour le gouvernement qui a décidé de retarder l’échéance sous un prétexte logistique, alors qu’il s’agit principalement de raisons politiques. Les patients attendront.
Cannabis Médical: la France recule sa légalisation, la théorie de l’échec est sur Le Cannabiste.
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La mise en place de la filière française du Cannabis médical devra encore attendre. Aucun traitement n’est actuellement produit en France, aucune filière n’est disponible. Si on excepte les centaines de fours des cités et Snapchat, aucun projet de vente de Cannabis n’est effectif.
L’expérimentation toute rikiki a débuté le 26 mars 2021. D’emblée elle s’adresse à la minorité de consommateurs de Cannabis les plus gravement malades dans notre pays.
#Rikiki
Quand on vous dit toute rikiki, il suffit de regarder ce qui se fait derrière les frontières de la macronie. De très nombreuses pathologies, douleurs, inconforts et troubles psychologiques trouvent écho dans le Cannabis médical. C’est vrai en Amérique du Nord mais aussi en Europe, depuis Août dernier d’ailleurs en Suisse. Les extraits et les fleurs de Cannabis font partie intégrante des traitements.
« En Israël, le Cannabis médical est une réalité quotidienne pour près de 115 000 patients.
En France donc le Cannabis médical c’est 5 indications thérapeutiques, pas plus, pas moins. Et il faut être très malade pour en profiter… en ultime recours.
- douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles (médicamenteuses ou non)
- certaines formes d’épilepsie sévères et pharmaco-résistantes ;
- certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements
- situations palliatives
- spasticité douloureuse de la sclérose en plaques ou des autres pathologies du système nerveux central.
Pour préciser un peu, en préparant cet article nous avons reçu le témoignage de certains patients qui se sont présentés pour des problèmes d’ordre psychologiques à l’expérimentation, sont repartis avec un traitement à base de neuroleptiques.
C’est aussi cela la réalité de cette expérience.
À priori l’expérimentation devrait déboucher sur une légalisation de certains traitements au printemps prochain. Mais selon les dernières informations révélées par Libération, il n’en sera rien. Les patients de leur côté sont excédés, on peut les comprendre.
#Patience
Il faut évoquer deux raisons principales pour comprendre cette nouvelle issue molle et déconfite, qui caractérise hélas si souvent les décisions politiques au sujet du Cannabis dans notre pays.
La première c’est que vu la taille du problème avec le Cannabis en France, il vaut mieux que la filière de production et de distribution soit solide et verrouillée. Le cas échéant on vous laisse imaginer les dérives estampillées marché noir, en 1 semaine. De ce côté là, le gouvernement n’a rien fait pour préparer cette légalisation annoncée.
Et quoi qu’il en soit du côté de la place Beauvau on considère bien sur que toute légalisation médical ou pas constituerait un signal contraire à la politique de lutte dans laquelle la France est engagée et contraire à l’ordre public … toussa.
Souvenez-vous de cet échantillon avec Marlène Schiappa, alors Ministre, avant de rétropédaler par la suite, comme si souvent.
Expérimentation du #cannabis thérapeutique : « J’y suis opposée (…) On prend trop à la légère la consommation des drogues dites douces », assène @MarleneSchiappa.
« Cela mène à la consommation de drogues plus dures (…) et cela finance les réseaux terroristes. » #AuditionPublique pic.twitter.com/E7kuRfhzfq
— LCP (@LCP) October 5, 2020
Secundo, l’expérimentation a permis la mise en relief de besoins comme on s’y attendait. En face la réponse thérapeutique ne serait pas encore prête. Faute de filière, pas de traitement, faute de traitement, pas de légalisation. En attendant, les patients … patienteront.
En France comme en Suisse le Cannabis ce n’est pas un médicament en soi qu’on peut facilement trouver en pharmacie sur simple prescription. Dans l’idée, il faut une boite autour et un logo pharmaceutique dessus, sinon c’est un stupéfiant, un point c’est tout.
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Enfin la Direction Générale de la Santé, sollicitée par le quotidien Libération, évoque la réponse laconique des responsables.
« Le sujet est toujours en discussion en interministériel et le débat se fera dans le cadre du PLFSS au parlement. Notre objectif n’était pas de décréter les choses » Source Libération
Dans tous les sondages que nous avons réalisés en ligne avec notre modeste magazine, la part des personnes qui font un usage uniquement thérapeutique du Cannabis représente au mieux 0,5% des votants, sans exception.
#Rien à carrer
Très probablement, la proportion des patients du Cannabis exclusivement médical, dans la population des usagers du Cannabis récréatif français, c’est au maximum: 1%.
Ce qui signifie que la méthode progressive tricolore, qui consiste à expérimenter pour 5 pathologies sur 2000 personnes, un produit qui concerne quotidiennement plusieurs millions d’autres personnes est une grosse blague. Voilà pourquoi la comédie de tartuffe qui consiste à donner du crédit à cette expérimentation toute rikiki, à vous en délivrer les détails et les évolutions, ici on en a rien à carrer.
On l’a déjà dit, c’est l’occasion de le répéter ce gadget timide ne mènera personne nulle part. Le changement de civilisation est ailleurs, l’avenir nous donnera probablement raison. C’est de courage politique dont à besoin notre pays. Pas d’une bande de sceptiques en blouse blanche qui n’ont pas le droit de tester convenablement ce dont ils sont en charge.
Entendez bien: si on avait laissé le soin aux médecins de décider au départ, l’alcool et le tabac seraient sans aucun doute prohibés. Il faut le répéter encore et encore.
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Alors que dire à celles et ceux qui attendent par millions qu’on reconnaisse enfin le rôle calmant et apaisant de ce produit de première nécessité dans leur quotidien? (Faut il le préciser sans aucune létalité directe.)
Combien de pandémies, de crises, de guerre, de grandes peurs, combien d’années d’injustice avant que le pays qui nous abrite ne nous enferme plus dans une prohibition mortifère et criminelle. Combien de palettes de médicaments, combien d’hectolitres d’alcool?
Les 1% de nos concitoyens parmi les usagers, pour qui le Cannabis est vital, sont à l’image des 5 millions de consommateurs réguliers pour le gouvernement français : une quantité négligeable.
#gabegie
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Sources : Libération / An
– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –