Prohibition: Un juge Français ose dénoncer l’échec

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Un juge Français en exercice témoigne à visage couvert sur les réseaux sociaux, il exprime clairement ses doutes sur l’efficacité et la pérennité du système répressif tricolore. Sous effectifs, surpopulation carcérale, le zéro résultat de la guerre à la drogue décortiqué par un magistrat avec ses propres mots, c’est le zoom du jour sur Le Cannabiste.

Cet article a été réalisé en partie avec le fil du compte Twitter @JugeDread, il était disponible publiquement mais a malheureusement depuis été supprimé par son auteur.

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Les réseaux sociaux ne se bonifient pas avec la crise du COVID. Plus de gens connectés c’est aussi plus de colère, d’impatience et de ressentiment à l’égard d’un peu tout. Généralement il y en pour les politiques, les artistes, les journalistes où les militants de tout poil. C’est vrai particulièrement sur Twitter: ce bistrot qui ne ferme jamais.

Alors au milieu de cette véhémence et de tout ce brouhaha, il arrive que des professionnels viennent partager leurs expériences à chaud sur tous les sujets. Mais lorsque c’est un juge qui s’exprime au sujet du poids du Cannabis dans notre justice, on l’écoute.

Avec des mots simples et des concepts compréhensibles par tous, cet homme qui apparaît comme un véritable juge, se fait appeler ‘Juge Dread’ sur Twitter.

Aujourd’hui il remet publiquement en cause la sacrosainte prohibition Française du Cannabis et des drogues, morceaux choisis.

#Juge Dread

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Sur la page d’accueil du compte Twitter de ce juge il est inscrit:

«La justice, c’est comme la Sainte Vierge, si on ne la voit pas de temps en temps, le doute s’installe ». Vice-Président au TJ de Trifouillis-le-Baveux.

 

La justice aussi connaît des agitateurs de l’intérieur, des petits comptes sociaux mystérieux qui soudain passionnent les foules. Vous savez, de ceux que l’on agite sous le nez du public des chaines info pour prouver un point ou citer une anomalie ….

Juge Dread est de ceux-là avec presque 23 000 abonnés c’est même un petit compte très suivi.

 

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#Justice débordée

 » Les dossiers liés aux stupéfiants occupent une part importante de l’activité pénale : pas une audience correctionnelle, de CRPC, de composition ou d’ordonnance pénale sans affaire de stupéfiants. (…) Le cannabis touche tout le monde : jeunes et moins jeunes, pauvres ou riches, il n’y a pas vraiment de différence notable. (…)  » 

 »vider l’océan avec une petite cuillère

 » S’agissant des trafiquants, ceux qui vendent, là on a tous (magistrats et enquêteurs) le sentiment de vider l’océan avec une petite cuillère. Il faut être réaliste : on n’a absolument pas les moyens de lutter. Les enquêtes sont de + en + difficiles à mener. (…) policiers comme gendarmes souffrent du sous-effectif, qu’ils ne sont pas assez nombreux pour faire correctement leur travail. « 

 » la consommation de drogues est très importante en France, on est même le champion européen au niveau du cannabis (…) Depuis plus de 15 ans j’ai vu la législation se durcir (garde à vue de 96h..), les moyens d’enquête se muscler (écoutes, balises, infiltration..) mais hélas pour zéro résultat en terme de baisse des trafics. (…) « 

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Image @ Pixabay

 

 »En quoi une simple amende serait plus efficace

 

 » le système d’amende forfaitaire : fumer un joint coûte aujourd’hui environ 200€ à régler immédiatement. Ça simplifie le travail des policiers et allège aussi un peu les tribunaux. Est-ce que cela fera diminuer le nombre d’usagers ? J’en doute fortement personnellement.

La perspective avant d’être interpellé, emmené au poste et poursuivi en justice ne dissuadait pas les fumeurs, en quoi une simple amende serait plus efficace ?

résultat avec interpellations, saisies de stups et incarcération immédiate des trafiquants. Tout le monde est content, on se félicite etc.. Sauf que les trafiquants interpellés sont immédiatement remplacés pour continuer le trafic. Voire même il n’y a pas besoin de remplaçant : le trafiquant peut continuer son business de sa cellule de prison. « 

#Saturation carcérale

 » D’ailleurs, en parlant de la prison, je précise que la répression du trafic de stupéfiants est pour beaucoup dans la surpopulation carcérale.
Le mandat de dépôt est très souvent la règle en terme de répression.

Les trafiquants de drogue l’ont très bien compris et intègrent d’ailleurs le risque carcéral dans leur plan de développement. Ils savent qu’ils iront forcément en prison à un moment ou à un autre et prennent leur précaution à cet égard (argent caché, délégation de gestion, continuité du trafic etc..). « 

À lire sur Le Cannabiste

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Edouard Philippe Guerre à la drogue

 

#Solutions?

 » Je n’ai évidemment aucune solution miracle et c’est à la représentation nationale de décider d’un changement de législation.
J’observe simplement, de par mon expérience professionnelle, que ce que l’on fait depuis des années en France ne fonctionne pas.

 

  • Est-ce ce que la solution passe par une dépénalisation voire même une légalisation ?
  • Ou faut il accentuer la répression pour gagner la guerre contre les trafiquants ?

 

Il faudrait, pour cette 2e option, se donner alors les moyens de ses ambitions et tripler a minima les effectifs de policiers /gendarmes.
Je n’exagère pas, l’ampleur du trafic de stupéfiants est telle aujourd’hui que les tentacules repoussent sitôt coupées, sans qu’on n’arrive jamais à remonter jusqu’aux têtes. « 

Le dernier message pour la fin: lorsqu’un juge sensé s’interroge ça donne ça :

 

 

Merci  à tous les professionnels du droit qui se battent pour l’équité et la justice dans notre pays, à commencer par ceux qui ont compris le sens de cette phrase par Louis Aragon en 1928, juste avant de se quitter:

 » Le goût du défendu confère à la lueur d’une législation délirante un ténébreux attrait à ce qui n’a pourtant pas le moindre mystère. Tâchez de punir de mort le cyclisme, et vous verrez.  » Aragon

 

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Sources : Twitter

A propos Jean-Pierre 1227 Articles
Fondateur et rédacteur du média Le Cannabiste. Je suis un journaliste autodidacte spécialisé dans le domaine du Cannabis. J'ai été choisi par un incubateur de Cannabusiness New Yorkais pour devenir leur consultant permanent en matière de Cannabis. Je publie de nombreux articles interviews et essais en langue Anglaise ainsi que pour la presse Française et l'industrie du Cannabis en général.