Maitre Hachet a encore frappĂ© ! Lâavocat dont la bioâ X (twitter) est âjâpeux pas, jâdĂ©pĂ©naliseâ, aura dĂ©fendu son client avec brio. La dĂ©cision qui a Ă©tĂ© prise par le Tribunal Correctionnel de Poitiers restera certainement dans les annales.
Pas de blague, le tribunal a finalement bel et bien refusé de juger un cannabiculteur qui possédait 144 pieds de cannabis, puis 1kg, pour sa consommation personnelle, prÚs de Chùtellerault.
Mais comment cela est-ce possible ?
On vous explique cela briĂšvement, sur Le Cannabiste.
Comment lâhomme sâest-il fait prendre ?
Juillet 2023. Soleil, chaleur, et… perquisition. Ce nâest pas le flair des gendarmes qui fut bon, mais la dĂ©nonciation qui fut fructueuse. AprĂšs avoir reçu lâinformation quâun homme faisait pousser, les gendarmes ont perquisitionnĂ© le domicile de celui-ci. Pour une petite commune comme SĂ©rigny, la pĂȘche fut bonne pour eux. Et un homme de plus se retrouva dans la tourmente, ainsi que dans lâattente de son jugement, dĂ©but 2024 (une double convocation, lâune en janvier, lâautre en fĂ©vrier).
Ă noter que lâhomme sâest fait prendre par le Grad, le groupe antidrogue, qui rĂ©pond Ă ce fameux besoin du gouvernement quâest la lutte contre le trafic de stupĂ©fiants… Pour le coup, lâhomme possĂšde un casier vierge et fait pousser uniquement pour sa consommation personnelle.
Explications sur cette décision
Câest Ă la fois simple et compliquĂ©. Mais il se trouve quâil existe une âfailleâ. Cette faille, câest lâinconventionalitĂ© de la loi française, sâopposant Ă la Convention EuropĂ©enne des Droits de lâHomme (CEDH).
En France, la culture de cannabis pour usage personnel est punie par lâarticle L3421-1 du Code de la santĂ© publique, avec un an dâemprisonnement et de 3750⏠dâamende… Rien que ça. Mais, cette peine lourde peut ĂȘtre remplacĂ©e par une amende forfaitaire (ce choix relĂšve de la dĂ©cision alĂ©atoire du parquet).
Dans le jugement, on peut lire que âCette situation contrevient Ă lâĂ©vidence au principe de prĂ©visibilitĂ© des peines, consacrĂ© par la Convention et la Cour europĂ©enne des droits de lâhommeâ
Ăa veut dire ce que ça veut dire ! Et câest une bonne nouvelle pour le prĂ©venu.
On peut aussi lire que le texte crĂ©e visiblement une diffĂ©rence de traitement Ă©ventuelle entre deux prĂ©venus dans des situations similaires, et donc une discrimination. Ce qui est, vous lâaurez compris, contraire Ă la CEDH.
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Finalement, une convocation en justice annulée.
Le tribunal peut en revanche demander au procureur de soumettre l’accusĂ© Ă une amende forfaitaire dĂ©lictuelle, accompagnĂ©e d’une inscription au bulletin n°1 (le bulletin n°1 contient toutes les condamnations, mesures et sanctions qui ont Ă©tĂ© prononcĂ©es contre une personne, y compris lorsqu’elle Ă©tait mineure) du casier judiciaire pour une durĂ©e de trois ans.
Pour Nicolas Hachet, en ce qui concerne lâAFD (amende forfaitaire dĂ©lictuelle), il dĂ©fendra devant la Cour EuropĂ©enne des Droits de l’Homme, tout comme il l’a dĂ©jĂ fait devant le Conseil d’Ătat et la Cour de cassation, que l’imposition d’une amende, en particulier lorsqu’elle est forfaitaire, ne devrait pas figurer dans le Code de la santĂ© publique, notamment dans les sections dĂ©diĂ©es Ă la lutte contre les maladies et les dĂ©pendances.
Comme Maitre Hachet le dit si bien :
âOn ne combat pas une maladie en infligeant des amendes aux « malades », qui sâapparente Ă un traitement inhumain et dĂ©gradant contraire Ă lâarticle 3 de la CEDHâ.