Bio&tic-store CBD une relaxe très attendue

Le Procureur de la République du tribunal de Melun vient d’ordonner la relaxe et l’abandon des charges à l’encontre des deux gérants du magasin Bio&tic-store, un détaillant de fleurs de chanvre et de CBD, établi à Brie-Comte-Robert depuis 2018.

Mis en examen pour trafic de stupéfiants depuis février 2019, ces commerçants qui risquaient jusqu’à la prison ont toujours clamé leur innocence et maintenu leur boutique ouverte jusqu’à aujourd’hui contre l’avis des autorités locales.

Le magasin qui avait été perquisitionné sur la base de taux de THC non conformes, poursuivra légalement la vente de fleurs. Le gérant relaxé par la justice, nous livre un témoignage exclusif.

Nouvel épisode de la saga justice et CBD sur le Cannabiste, une série de fiascos policiers et judiciaires suivis par notre rédaction, sur une bande originale composée par la MILDECA.

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Le magasin avait été perquisitionné et ses gérants mis en examen début 2019.

Au terme de 2 ans et demi de procédure l’ensemble des accusations viennent de fondre comme neige au soleil, alors que le procureur ordonne la relaxe des deux commerçants prévenus, le 4 Novembre dernier.

#CBD Story

Comme beaucoup de belles histoires, celle de Bio&tic-store démarre un jour ensoleillé dans un paisible champ fleuri en fumant un joint. C’est vers 2015 que deux amis JC et Christophe, décident de s’associer pour fonder un magasin éco responsable et exclusivement bio, qui proposerait de nombreux produits.

On y trouverait surtout des habits et de la nourriture mais également des fleurs de chanvre au détail, dans la jolie petite ville de Brie Comte Robert.

Début 2018 du côté de la Seine et Marne dans le 77, l’aventure commence joyeusement sous une enseigne de bois faite maison, ce sera le: « Bio&tic-store ».

Selon ses créateurs, le tout premier magasin du département à vendre du Cannabis légal propose alors, des huiles des savons, de la nourriture mais aussi des fleurs de chanvre séchées au détail.

Particularité: les fleurs proposées en vrac, hors plastique, sont justement disponibles pour le client dans des pots de confiture en verre, nettoyés et recyclés pour la circonstance.

JC Raconte.

« Le choix du conditionnement en pots de verre recyclés cela faisait partie de notre démarche : exit les sachets plastique. On avait surtout pas envie de retrouver des emballages à l’effigie de la boutique partout dans la rue.

 

 

Du coup les clients trouvaient ça sympa de récupérer leur chanvre dans  un pot en verre reconditionné. On avait mis en place un système de consigne payante et les clients jouaient le jeu. Cet emballage au final ne coutait rien à personne, ni à la planète. »

#Intervention

Nous sommes en Février 2019, Bio&tic-store est ouvert depuis quelques mois. La petite boutique éthique propose du prêt à porter éco responsable, des savons naturels des produits cosmétiques et du chanvre au détail, dans des pots de confiture. 

Le travail de ces jeunes commerçants commence à leur rapporter un peu, de quoi vivre et regarder vers l’avenir.

Mardi 4 Février 2019, 8 heures: une partie du centre ville de Brie-Comte-Robert est investi par les fonctionnaires de police. Des véhicules banalisés et sérigraphiés des forces de l’ordre bloquent toutes les rues des alentours.

Pendant ce temps là, environ 25 agents des différentes administrations françaises investissent la petite boutique de 20 m². La force publique est en ordre de marche, dans sa lutte effrénée contre les stupéfiants …

JC Raconte:

« Sur le coup on a pas compris ce qui se passait. Après le débarquement de tous ces hommes en armes, des personnes parmi les agents se sont présentées. Brigade des stups, Douanes, Urssaf, Brigade de répression des fraudes. Ils étaient accompagnés de chiens et des équipes d’intervention qu’on envoie habituellement sur les affaires de stups je suppose.

Coupures, pour la Presse Quotidienne Régionale pas de doute c’est du Stup’

C’est vrai que dans une micro boutique de 20m² ça faisait beaucoup de monde au même endroit et au même moment pour pas grand chose d’illégal. *rire nerveux* »

Les agents des différents services, passent au crible tout ce qui se trouve dans la boutique. Cahiers, factures, stocks, comptabilité, déclarations … Toute l’herbe est saisie ainsi que la majeure partie des produits au CBD.

En tout l’équivalent de 5000 Euros en valeur à l’achat se retrouvent dans le placard a scellés de la brigade des stupéfiants. D’ici quelques jours des échantillons partiront vers les labos mandatés par la police pour analyse …

JC et son associé ressortent libres de leurs auditions sans être gardés à vue. Les enquêteurs commencent à comprendre à qui ils ont affaire. De toute évidence, les commerçants sont de bonne foi: c’est du chanvre.

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« Le soir même la boutique était rouverte, nous n’avons jamais cru à une éventuelle culpabilité. On nous a faisait clairement payer le fait d’avoir été les premiers dans le département. L’arrêté MILDECA qui semblait clairement prohiber les fleurs venait d’être publié, nous avons fait partie de la première vague de répression en 2018.

Au jour du jugement, à vue de nez c’est dans les 300 boutiques et points de vente de chanvre au détail qui sont présents dans notre seul département deux ans et demie après notre perquisition.

Dans les journaux, dans les tabacs à la télé: le CBD est partout. Alors de vous à moi la relaxe c’était la moindre des choses qu’on attendait, mais le préjudice lui, mettra longtemps à disparaître. »

#Affaire classée

Sur le fond, nos deux acolytes se retrouvent suspects de trafic de stupéfiants. Sur la forme, confiants dans la conformité de leurs produits et aidés par le gérant d’une franchise et d’un avocat. Ils n’hésitent pas à braver les conseils de la justice et maintiennent leur magasin ouvert.

Mais au bout de quelques mois, l’affaire fait grand bruit dans la petite ville. Il se murmure partout que « De sombres dealers auraient pignon sur rue. »

Portés par les médisances d’une opposition politique locale en manque d’opportunités et confrontés aux soupçons de la vindicte populaire, un des deux associés Christophe, jette l’éponge.

« Il faut comprendre que ce magasin bio et éthique c’est un engagement militant avant tout. Et s’engager à vendre du chanvre c’est aussi prendre le risque d’être exposé et étiqueté. Je ne peux pas en vouloir à Christophe d’être parti pour se protéger. Il faut savoir que lui et sa famille ont préféré quitter la ville face aux remous que cette procédure avait occasionné.

Mais le point positif c’est que nous avons pu compter sur le soutien inconditionnel de notre ami et fournisseur Nils Gagnaire de Foxseed France.

 

 

D’abord c’est lui qui nous a guidés pendant toute la procédure commerciale. Et le jour où les ennuis sont arrivés il ne nous a pas laissés tomber. C’est aussi grâce à lui et à son associé Nordine Tsamen du groupe Foxseed, si nous avons pu bénéficier d’un excellent avocat. Nils a été jusqu’à nous faire l’avance d’un nouveau stock afin de reprendre la vente sans délai.

Un ami et pour le coup un véritable sauveur, certaines choses ne s’oublient jamais »

#THC

Après plusieurs mois d’attente les analyses tant attendues tombent: seul 1 échantillon prélevé par la police est en dehors des clous avec 0,25% de THC au lieu des 0,20% attendus. En cause selon JC: probablement les conditions de stockage de l’herbe par les fonctionnaires.

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JC n’ira pas en prison, il peut s’estimer heureux car il n’a pas connu la garde à vue et la cellule non plus. Ses comptes en banque n’ont pas été saisis, son domicile n’a pas été perquisitionné et son jardin n’a pas été retourné à la pelleteuse.

Ne riez pas, c’est ce qu’on voit fréquemment dans les affaires des commerçants du CBD depuis 2018. Bilan pour JC, une perte de temps et d’argent lourde de conséquences, qu’il n’hésite pas encore aujourd’hui à dénoncer.

« Dans un pays où les jeunes ont tant de mal à faire leur place, on envoie quand même facilement la police. Nous c’est grâce à la fiabilité de notre fournisseur et à notre avocat Maître Noachovitch qu’on est resté ouverts et qu’on a  évité la case prison. Mais on est bien conscients que tout le monde n’a pas eu notre chance.

 

 

Nous étions partis avec 1000€ d’investissement collectif en 2018. Au final on se retrouve à devoir payer 15 000€ de frais de justice pour avoir défendu notre innocence en 2021. Alors si vous me demandez mon avis non, les comptes ne sont pas ronds.

Mon associé a du quitter la ville et recommencer une nouvelle vie ailleurs. Ses voisins, les camarades de ses enfants à l’école l’appellaient ‘Le dealer’ depuis la perquisition. Vous savez, rien ne viendra nous rembourser pour ce que nous avons subi de stress et d’amertume. Certaines choses comme la réputation, n’ont pas de prix. Il faudra du temps.

Mais je continue de tenir joyeusement ma boutique et la demande en chanvre et en Cannabis légal n’est pas prête de faiblir. Alors je m’adonne sereinement à ma nouvelle passion: la brasserie artisanale et nous avons toute une gamme de produits éco responsables et durables à proposer. Jusqu’ici tout va bien ;).

JC gérant du magasin Bio&Tic a Brie-Comte-Robert »

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Avec plus ou moins de zèle selon les régions, les procureurs français continuent de diligenter des interventions musclées chez des commerçants et des producteurs de chanvre. Encore aujourd’hui c‘est une certitude.

Mais ensuite, discrètement par la petite porte, par le tuyau des eaux usées, la justice évacue petit à petit le trop plein de jus poisseux, pour ce qui est dénoncé par certains, comme un véritable scandale institutionnel. À coup d’interpellations, de chiens et de police l’état Français produit quotidiennement une forme de misère sociale sur le dos du Cannabis, dans une quasi indifférence générale.

Mais pour quel résultat, dans quelle optique ? Le statut du chanvre légal en France c’est une espèce de guerre ouverte, où tous les coups sont permis. Un conflit permanent sur fond de raz de marée des stupéfiants, dont le Cannabis fait partie à 90% des saisies.

À lire sur Le Cannabiste

L’exécutif se trouve désormais dans un cul de sac, de plus en plus contraint à une légalisation qu’il n’a aucune envie de concéder.

En attendant il reste difficilement acceptable que de nombreux entrepreneurs et un tas de petits commerçants, continuent de payer les pots cassés par la justice, aux frais du contribuable français.

Propos recueillis par Le Cannabiste en ligne en Novembre 2021 – Images Bio&tic-store Tous droits réservés –