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Jean-pierre Galland : Une vie de résistance

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Chaque pays compte un pionnier parmi ses résistants à la prohibition du Cannabis. Celui qui le premier a vu la lumière tandis que le brouillard de l’ignorance obscurcissait la vision du plus grand nombre. Dans notre vieux pays le nom de cet homme est Jean-pierre Galland: Journaliste, écrivain, défenseur et militant actif pro-cannabis depuis plus de 40 an en France.

Bien qu’il soit l’écrivain cannabiste le plus populaire en France depuis les années ’90, l’homme se tient soigneusement à l’écart des médias. Alors il aura fallu user de patience et de persuasion pour obtenir l’interview qui suit. C’est après un bon bout de chemin au travers de la campagne Française que nous sommes finalement parvenus jusqu’à sa demeure où il a bien voulu répondre à nos questions.

 

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Jean-pierre Galland en manifestation

Pour Le Cannabiste, il accepte de briser un silence qui durait quasiment depuis 30 ans. C’est l’occasion pour tous de rencontrer le prophète Français de la Weed, l’homme, le mythe la légende: Jean-pierre Galland.

 

 

 

« La France obtient les pires résultats au monde en matière de prévention avec la fameuse politique de tolérance zéro qui perdure. 35% des moins de 25 ans consomment du Cannabis fourni par le marché noir au moins une fois par mois et c’est le cas d’une part importante de la population générale qui avoue consommer régulièrement du Cannabis aujourd’hui, tous milieux confondus. »

 

LC : Quelle est ton histoire Jean-pierre ?

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Jean-pierre Galland enfant

« Je suis né dans la campagne Française, mon père était résistant et un membre actif du parti communiste Français. Plus tard au moment de choisir mes études j’ai choisi de rejoindre l’université de Vincennes, c’était un peu après les événements de Mai ’68.

Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulu être un écrivain, alors à l’âge de 25 ans j’ai commencé à écrire comme un écrivain. Je me suis trouvé un éditeur qui a fait faillite depuis, et j’ai produit une série de romans et de nouvelles. je tiens à préciser que depuis ces ouvrages sont tombés dans un oubli complet et que c’est une très bonne chose pour tout le monde (rires).

Ensuite, lorsque j’étais étudiant ma vie ressemblait plutôt à celle d’un ‘délinquant ordinaire’. J’ai longtemps vendu du Cannabis en petites quantités à tout un tas de gens sur Paris. J’étais plutôt doué à ce jeu là et je pense que j’avais la considération de ceux qui en profitaient. Mais cela a été ma vie jusqu’à l’âge de 37 ans. Le jour où mon fils est né je me suis dis que tout ça devait changer.

Comme j’aimais vraiment tout ce qui touche de près ou de loin au Cannabis et que j’adorais écrire, j’ai décidé de produire mon propre livre sur ce sujet. Progressivement l’idée et ensuite le projet de ‘Fumée clandestine’ à vu le jour. »

 

LC : Parle nous de ton best-seller Fumée clandestine

« C’est un processus qui a duré 20 mois de bout en bout. A cette époque en France, même à Paris les ordinateurs étaient rares, alors je devais me faufiler le soir dans les bureaux de certains de mes amis qui voulaient bien me laisser utiliser le leur pour la nuit.

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Le simple fait de révéler le sujet du livre aurait pu m’attirer des ennuis, car en France la loi interdisait déjà et interdit encore de présenter le Cannabis sous un jour favorable. J’ai donc du rédiger tout cela de manière totalement confidentielle, le processus de création de ce livre a du demeurer secret jusqu’à sa sortie.

Mais surtout, il n’existait aucun Google, pas de connection internet ni de téléphone cellulaire comme vous pouvez l’imaginer. Alors il m’aura fallu un temps considérable pour explorer les librairies publiques, les archives des journaux, les bouquinistes et toutes les ressources dont j’avais besoin pour documenter mon livre.

Rétrospectivement je me dis que de produire Fumée Clandestine ça a été peu comme de gravir l’Himalaya en ayant une paire de tongs aux pieds. »

 

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Fumée Clandestine, le livre-événement de Jean-pierre Galland

LC : Peux-tu nous parler de ta rencontre avec le Cannabis? 

« La toute première fois que j’ai essayé le Cannabis je devais avoir 17/18 ans. C’était juste un soir à Lyon en bas des immeubles. Un de mes potes avait mis la main sur une ‘barrette de shit’. J’étais juste là alors naturellement j’ai essayé.

Les effets du Haschich m’ont frappé aussi fort et soudainement qu’il est possible de l’imaginer. Je me souviens à un moment d’avoir fermé les yeux et d’avoir été le témoin éveillé d’images psychédéliques.

Pour préciser d’avantage, je voyais d’interminables successions colorées de temples religieux et autres mosquées qui flottaient librement, se superposant et s’entrecroisant dans une série de ballets gracieux.

Je ne suis pas sur à ce moment d’avoir vraiment compris ce qui m’était arrivé, mais j’ai rapidement pris conscience que quelque chose d’important venait de se passer. C’était une expérience qui devait marquer mon esprit et mon corps pour toujours. Si je devais y ajouter une mise en image, je dirais que c’était un moment qui ressemblait un peu à celui-là.

J’ai commencé à fumer du Hash plus régulièrement et le premier changement notable qui s’est produit c’est l’arrêt simultané de ma consommation d’alcool. Je n’étais pas saoul sans arrêt mais on peut bien dire que je buvais assez souvent si ce n’est tous les jours. Pour être honnête je pense que j’allais certainement devenir un alcoolique, c’était un peu comme de se trouver dans un état d’esprit, de boire par frustration ou bien par colère. Mais là progressivement le Cannabis est venu me changer et m’a ouvert à une vision apaisée du monde qui m’entourait. C’était comme si la colère m’avait quitté, lorsque je consommais du Cannabis je me sentais ‘uni’, inspiré et apaisé. »

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« Je n’avais jamais imaginé devenir une personnalité publique »

 

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Jean-pierre Galland

LC : D’écrivain à activiste comment c’est arrivé ?

« Peut-être qu’aujourd’hui vous trouverez ça drôle mais je réalise qu’à cette époque là, je suis devenu un héros d’infortune après la parution de mon livre.

Soudain j’ai reçu le soutien d’un tas de gens que je ne connaissais pas, depuis les milliers d’activistes Français, des intellectuels et même des politiques, tout ce petit monde me poussait sur le devant de la scène en me disant « vas-y JP c’est le moment ».

Alors si je me souviens bien entendu d’une période faste et excitante je dois bien reconnaître qu’au final ‘Fumée Clandestine’ ne m’a jamais vraiment rapporté d’argent.

 

Dès le début de l’aventure je savais bien que j’avais choisi le mauvais éditeur. Mais à ce moment-là personne ne voulait prendre le risque de publier un ouvrage sur le Cannabis. Alors pour le coup j’ai été là ou j’ai bien pu aller pour le publier.

Au final après un long et douloureux processus de rédaction j’ai été convoqué par l’éditeur en question qui venait de recevoir la version amendée par un l’avocat Français Maître Francis Caballero.

L’avocat avait cru bon de surligner en jaune fluo les mots et les expressions qui lui devaient être retirés du livre en respect de loi Française. Au final la quasi totalité de mon livre était jaune fluo. Avec une date de publication bien trop proche, il m’aurait fallu ré-écrire des pans entier si ce n’est la totalité du livre.

Alors j’ai menti (rires). J’ai prétendu que j’envoyais une version amendée au pressage alors que je n’avais pas changé le moindre mot. Et comme personne n’a jamais vérifié et bien ‘Fumée Clandestine’ a été publié tel que je l’ai écris, dans son intégralité.

Croyez-le si vous voulez mais 1 mois après j’étais l’invité spécial de l’émission ‘Nulle part ailleurs’ avec Antoine de Caulnes et Philippe Gildas en prime time.

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J’ai reçu l’invitation quasiment le jour même, je n’avais pas de veste pour l’émission alors je suis allé en emprunter une chez un ami. A peine le temps de le dire et des millions de Français connaissaient mon nom. Moi, j’étais le premier surpris par tout cela, je n’avais jamais imaginé devenir une personnalité publique. »

 

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Affiche du CIRC

LC : En France votre nom est associé au mouvement associatif le CIRC. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?

« L’année qui a précédé la sortie de ‘Fumée Clandestine’ je suis tombé sur un groupe d’activistes qui manifestaient pour la légalisation du Cannabis du côté de Beaubourg, tout à fait par hasard. J’étais très étonné car pour la première fois je rencontrais des gens qui parlaient publiquement de faire évoluer les lois au sujet qui encadraient le Cannabis. Alors nous nous sommes réunis et avons décidé de créer notre propre association.

 

Nous étions majoritairement des gauchistes et des libertaires qui nous battions pour le droit de cultiver de fumer et de partager le Cannabis. Ensemble nous avons créé le CIRC pour légaliser le débat car la loi ne nous autorisait pas à en parler. Déjà à l’époque pour avoir fait cela nous risquions la prison et de lourdes amendes.

En 1993 nous avons détourné un vieux papier du journal Libération en hommage à De Gaulle et organisé le tout premier ‘Appel du 18 Joint’ avec les militants Français. Depuis tous les 18 Juins nous célébrons le droit de parler du Cannabis librement malgré la sévérité de la loi Française, c’est devenu une institution. »

 

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Jean-pierre Galland dans son jardin

LC : Au final, qu’est ce que vous réclamiez, et qu’avez-vous obtenu ?

« Depuis 1995/97 le CIRC organise des campagnes pour une légalisation drastique de la consommation et de l’autoproduction de Cannabis en France. Et je vais vous dire ce que nous avons obtenu: rien.

Toutes les fois où nous avons réclamé un assouplissement de la loi on nous a répondu que le Cannabis était une drogue illégale et dangereuse et que nous ferions mieux de nous adresser à un addictologue.

La France semble irrémédiablement empêtrée dans la prohibition, rien n’a changé en 30 ans de militantisme et je ne crois pas plus aux vertus de la contraventionnalisation. »

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LC : Est-ce que tu cultives toujours du Cannabis?

« Je l’ai toujours fait et je pense que le ferais toujours, d’abord parce que pour moi le jardinage est un hobby très relaxant et que tout le monde devrait aussi cultiver ses tomates et ses salades dans son jardin (rire complice). »

 

LC : Qu’est ce que tu reproches au projet de répression de l’usage par contraventions en France?

« Effectivement, il m’est avis que c’est une très mauvaise idée à plus d’un titre même si cela pourrait supposer un amendement de la non moins mauvaise loi de 1970. Je pense que cela va s’avérer discriminant envers un certain type de population jeune, souvent  d’origine étrangère et économiquement défavorisée.

Je trouve que c’est un non-sens que certains médias puissent interpréter cela comme un quelconque assouplissement ou bien un pas vers la légalisation du Cannabis. Nous savons que la prohibition engendre la corruption et pendant ce temps-là le marché noir impose sa loi dans les banlieues Françaises et se trouve largement représenté sur notre territoire.

Là ou nous pourrions bénéficier d’un encadrement et d’une legislation fiscale le Cannabis est devenu symbole d’ignorance et de violence pour une majorité des Français.

Cela fait plus de 40 ans que l’ensemble des politiques Français ont laissé la question du commerce du Cannabis entre les mains des trafiquants du marché noir, et personnellement je trouve que c’est une honte. »

 

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Décontractés du pied, chez JP

 

« Le conseil que je lègue à la jeunesse : plantez des graines partout, cultivez vos idées, devenez le changement. »

 

LC : Comment est-ce que tu perçois la vague de légalisations du Cannabis qui déferle aux Etats-Unis depuis quelques temps?

« D’après ce que l’on peut en voir, en dépit d’une légalisation complète de l’usage récréatif comme au Colorado, l’usage chez les mineurs n’a pas augmenté. Les rues ne sont pas pavées de véhicules accidentés comme le laisseraient supposer la prévention et le droit Français. Les taxes rentrent, le crime diminue et visiblement les affaires sont florissantes. Il ne semble pas qu’il y ait de quoi se plaindre !

Ma seule préoccupation concerne la facilité de l’usage du Cannabis via les comestibles. Comme toujours les choses vont très vite, parfois trop vite aux US.

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M’est avis qu’il faut non seulement vouloir mais aussi pouvoir et enfin savoir prévenir et éduquer pour écrire ensemble le logiciel du Cannabis responsable et d’une société tolérante et apaisée. »

 

Propos recueillis le Vendredi 13 Octobre 2017 dans le Tarn en France. Publication originale Blinc tous droits réservés, traduit et adapté par l’auteur pour LeCannabiste.com 2018

 

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