L’Allemagne, ce géant économique d’Europe, a secoué la planète cannabis en franchissant la ligne de la légalisation partielle dès 2024. Depuis, tout s’accélère : prescriptions qui flambent, imports records et, “cerise sur le space cake”, une élection 2025 qui rebat les cartes. Faut-il croire à un nouvel eldorado vert ou redouter un coup d’arrêt brutal ?
Entre bureaucratie zélée, CSC sous haute surveillance et partis conservateurs prêts à renverser la table, le suspense est à son comble.
Alors, enfilez votre t-shirt « legalize » et accrochez-vous, on vous a concocté un tour d’horizon musclé sur la situation allemande : sur Le Cannabiste !
Résultats des élections allemandes : un gros hic pour le cannabis ?
Depuis le 1er avril 2024, l’Allemagne a officiellement autorisé les adultes à détenir jusqu’à 25 grammes de cannabis en public, à cultiver trois plantes chez eux et à se fournir au sein de Cannabis Social Clubs. Mais les résultats des fédérales de 2025 sèment le doute : la CDU/CSU (partis de droite), à 28,6 %, entend clairement remettre en question ces avancées, tandis que l’AfD -l’alternative pour l’Allemagne- (20,8 %) se déclare carrément hostile à toute forme de légalisation. Le SPD (parti social démocrate), qui chute à 16,4 %, Les Verts (11,6 %) et Die Linke (8,8 %) peinent à sauvegarder le cadre voté en 2024.
La perspective d’une alliance CDU/CSU–SPD inquiète bon nombre d’acteurs, d’autant que l’Association médicale allemande réclame l’abrogation de la loi jugée trop permissive. Un retour en arrière complet reste toutefois délicat, car les clubs de cannabis validés pour sept ans bénéficient d’une certaine protection constitutionnelle : toute suppression brutale impliquerait des dédommagements monstrueux pour l’État.
Bref, l’avenir du cannabis en Allemagne demeure flou. Une interdiction totale paraît improbable, mais on s’attend à un durcissement des règles. Reste à savoir quelle coalition gouvernera et quelle place elle accordera à ce mouvement amorcé en 2024. Une certitude : on pourrait voir des lois moins coulantes que prévu.
Combien le cannabis a-t-il généré en Allemagne sur l’année 2024 ?
En 2024, le marché allemand du cannabis médical s’est envolé pour atteindre 450 millions d’euros, surpassant les prévisions de 420 millions. Selon Prohibition Partners, ce bond s’explique par l’entrée en vigueur des lois CanG et MedCanG, qui ont retiré le cannabis de la liste des stupéfiants. À la clé : des procédures de distribution plus fluides, un accès patient amélioré et un véritable boom des prescriptions, en hausse de 1000 % entre mars et décembre 2024.
Le système de remboursement, déjà bien établi, a bénéficié des ajustements du Comité mixte fédéral allemand (G-BA) de juillet 2024, favorisant encore l’explosion du nombre d’ordonnances. Investisseurs et opérateurs de télémédecine misent sur une montée en puissance continue : certains parient sur un marché dépassant le milliard d’euros d’ici à 2028 !
Quid des importations de cannabis en Allemagne ?
Depuis que le cannabis est partiellement légalisé, l’Allemagne a vu ses importations grimper en flèche. Le BfArM relève un passage de 8,1 tonnes de fleurs au premier trimestre 2024 à 31,7 tonnes en fin d’année, soit plus de 72 tonnes importées au total. Côté production intérieure, à peine 2,5 tonnes d’huile ont été produites sur la même période, illustrant une forte dépendance à l’étranger.
Le Canada reste le premier fournisseur (33 tonnes), suivi du Portugal (17 tonnes), puis du Danemark (7,4 tonnes), de la Macédoine du Nord (2,7 tonnes) et de l’Espagne (2,2 tonnes). Mais la donne pourrait changer avec l’arrivée de la CDU/CSU aux commandes. Friedrich Merz n’a jamais caché son souhait de resserrer les vannes, voire de réinstaurer (en partie) l’interdiction.
Le secteur retient donc son souffle : tant que les négociations restent dans le flou, rien n’est joué.
Que pensent les Allemands de la culture de cannabis à domicile ?
Une étude Prohibition Partners révèle que 51 % des consommateurs réguliers et 40 % des occasionnels envisagent de faire pousser leurs plants chez eux. Motifs : contrôler la qualité (49 %), profiter du côté « green » de la plante (37 %) et disposer d’une réserve personnelle (28 %). À l’inverse, 90 % des non-consommateurs ne voient aucun intérêt à cultiver.
Cette “culture maison” se heurte toutefois à un cadre réglementaire rigide, aussi bien pour les particuliers que pour ceux souhaitant fonder des associations ou « clubs » de production. Les règles de sécurité, la protection de la jeunesse et la bureaucratie découragent nombre de projets. Reste que, pour bien des Allemands, la culture à domicile demeure le moyen idéal pour profiter d’un cannabis contrôlé de A à Z, en attendant un climat législatif plus clair.
Stats et faits en bataille sur le cannabis en Allemagne
Depuis le 23 février 2024, les adultes peuvent posséder 25 grammes de cannabis (50 grammes chez eux) et faire pousser trois plantes. Dès le 1er juillet, des « cannabis clubs » de 500 membres max ont vu le jour, avec cependant des limitations strictes : pas de consommation dans un périmètre de 100 m autour des écoles, restrictions horaires en zone piétonne, etc.
Le gouvernement espère ainsi faire reculer un marché noir estimé à 14,2 milliards de dollars en 2022. Parallèlement, le cannabis médical connaît un essor spectaculaire, passant de 0,66 million de consommateurs en 2017 à 6,71 millions en 2022 pour près de 797 millions d’euros de ventes. Chez les 18-25 ans, plus de la moitié déclarent en consommer, et 56,4 % des 18-29 ans approuvent la légalisation. Reste que l’accueil des produits comestibles divise et que les partis conservateurs continuent de fustiger ce grand bouleversement…
Cannabis en Allemagne : on a fait le tour de la question (ou presque)
Malgré le suspens politique qui plane, l’Allemagne a déjà opéré un virage « vert » impressionnant. Entre clubs associatifs, prescriptions facilitées et importations au sommet, le secteur est en plein élan. En coulisses, la montée conservatrice pèse comme une menace de freinage, voire de revirement partiel.
Pour l’instant, la révolution du cannabis est bien réelle, mais son avenir se décide à l’issue de tractations parfois musclées. Une chose est sûre : nos voisins allemands n’ont pas fini de nous surprendre !
On récapépette
- Qui a gagné ? La CDU/CSU, avec 28,6 % des voix, entend freiner ou revenir sur la légalisation de 2024. L’AfD (20,8 %) est également opposée à toute forme de libéralisation, tandis que le SPD (16,4 %), les Verts (11,6 %) et Die Linke (8,8 %) tentent de préserver le cadre actuel.
- Une interdiction totale ? Peu probable, car les Cannabis Social Clubs sont protégés par la Constitution : toute suppression brutale serait un casse-tête juridique et coûterait cher à l’État.
- Combien ça rapporte ? Le marché médical a déjà atteint 450 millions d’euros en 2024 (soit plus que prévu) et devrait franchir le milliard dès 2028, dopé par une hausse fulgurante des prescriptions (+1000 % entre mars et décembre 2024).
- Flambée des importations… Plus de 72 tonnes de fleurs de cannabis ont été importées en 2024, le Canada arrivant en tête des fournisseurs. L’Allemagne ne produit localement qu’environ 2,5 tonnes d’huile, d’où une forte dépendance à l’étranger.
- La culture à domicile séduit ! 51 % des consommateurs réguliers et 40 % des occasionnels sont prêts à faire pousser leurs propres plants. Motifs principaux : contrôle de la qualité, aspect esthétique et stock personnel.
- Un cadre légal strict… Possession limitée (25 g en public, 50 g chez soi), clubs à 500 membres maximum et restrictions de consommation près des écoles ou sur certaines plages horaires. L’objectif : encadrer plutôt qu’ouvrir totalement les vannes.
- Des chiffres clés – 14,2 milliards de dollars estimés pour le marché noir en 2022. – 6,71 millions de consommateurs de cannabis médical dès 2022, contre 0,66 million cinq ans plus tôt. – Plus de la moitié des 18-25 ans déclarent consommer du cannabis.
- La suite au prochain épisode ! Les conservateurs veulent visiblement un serrage de vis, mais rien n’est joué tant que les négociations de coalition restent ouvertes. Le cannabis allemand n’a donc pas fini de faire couler de l’encre !
Sources : businessofcannabis / alchimiaweb / szlz / canamo / osborneclarke / cannareporter / statista