Quand une équipe de chercheurs sud-coréens s’est mise en quête de composés anti-cancer dans le cannabis, elle ne s’attendait pas à tomber sur une molécule encore inconnue : le cannabielsoxa. Une première mondiale qui s’accompagne d’une autre surprise de taille – des substances inédites aux effets prometteurs contre le neuroblastome, un cancer qui touche majoritairement les enfants.
Comme toujours, là où la science trébuche sur une molécule improbable, Le Cannabiste traîne déjà ses savates curieuses..
Les coulisses d’une découverte scientifique inattendue
Qui aurait cru qu’en fouillant les entrailles botaniques du Cannabis sativa, on tomberait sur un petit nouveau ? Baptisé cannabielsoxa, ce composé vient d’être isolé pour la première fois par une équipe de scientifiques sud-coréens, dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Pharmaceuticals. L’objectif de départ ? Trouver des composés efficaces contre le neuroblastome, un cancer infantile agressif. Nous voilà face à une découverte qui pourrait bien faire un peu de bruit dans les labos comme dans les salons.
L’étude a été menée par des chercheurs de l’université Wonkwang, en partenariat avec le ministère coréen de la Sécurité alimentaire et médicamenteuse. Rien que ça. En analysant les fleurs de cannabis, ils ont mis la main sur 11 composés, dont deux complètement inédits : le fameux cannabielsoxa, et un autre au doux nom de 132-hydroxypheophorbide c éthyl ester, un peu long pour un t-shirt, mais parfait pour les publications scientifiques.
Et au cas où vous vous poseriez la question : non, ces noms ne sortent pas d’un générateur aléatoire.
Les composés isolés et leurs effets
Du cannabis, les chercheurs n’ont pas seulement tiré une découverte inédite. Ils y ont aussi trouvé une petite armée de molécules, anciennes ou nouvelles, prêtes à en découdre avec les cellules cancéreuses.
Cannabinoïdes testés sur le neuroblastome
Dans le viseur des chercheurs : le neuroblastome, un cancer qui représente à lui seul 6 % des cas de cancers pédiatriques. Face à ce mal, l’équipe a testé les effets de ses 11 composés fraîchement isolés sur des cellules tumorales. Parmi les molécules connues, on retrouve de grands classiques : CBD, CBDA, CBDA-ME, delta-8-THC, et CBC. À côté d’eux, deux composés de type chlorine font également leur entrée sur la scène médicale du cannabis.
Et qu’en est-il de ce fameux cannabielsoxa ? Eh bien, il n’a pas (encore) brillé.
Les résultats les plus marquants
Côté résultats, sept des onze composés testés ont montré des effets inhibiteurs notables sur les cellules de neuroblastome. La palme revient aux cannabinoïdes bien connus : CBDA, CBDA-ME, CBD, delta-8-THC et CBC. Autrement dit, les habitués ont fait le boulot, avec des résultats plus convaincants que ceux des nouveaux composés chlorinés.
Mais attention, pas de champagne trop vite. Les chercheurs précisent bien que le cannabielsoxa, malgré son nom flambant neuf, ne semble pas jouer dans la cour des anti-cancer pour le moment. Pas de superpouvoirs détectés, en tout cas pas contre ce type de cancer. En revanche, ses cousins bien connus montrent à nouveau qu’ils méritent leur place dans les laboratoires.
L’étude conclut que cette découverte pourrait être « une première étape vers le développement d’un traitement contre le neuroblastome », même si, comme toujours, on reste loin de la mise sur le marché d’un médicament.
Vers une nouvelle ère du cannabis médical ?
Alors, est-ce que cette étude marque un tournant ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’elle s’inscrit dans un contexte scientifique de plus en plus dense autour du cannabis thérapeutique. En parallèle, une équipe américaine publiait récemment la plus grande méta-analyse jamais réalisée sur l’usage médical du cannabis, avec plus de 10 000 études passées en revue. Ce qui nous donne un ratio de 3 études positives pour 1 étude négative, ce qui « rivalise avec bien des médicaments approuvés par la FDA », selon les auteurs.
Dans ce paysage, le cannabis ne joue plus le trublion marginal, mais commence à ressembler à un acteur sérieux – du moins, en blouse blanche.
Mais rappelons-le : les chercheurs eux-mêmes appellent à la prudence. Ces résultats, aussi prometteurs soient-ils, ne signifient pas que le CBD ou la fleur de cannabis sont des remèdes miracles. Ce sont des pistes, des débuts, des orientations possibles. Rien qu’un médecin ne puisse prescrire aujourd’hui dans un cadre réglementé.
Le cannabielsoxa ne va pas changer votre vie demain matin. Mais il nous rappelle que le cannabis, loin de se résumer à ses effets planants, reste un puits sans fond de molécules intrigantes. Et certaines pourraient bien, à force de patience et de rigueur, trouver leur place dans la boîte à outils de la médecine moderne.