On connaît le CBD pour ses vertus relaxantes, ses infusions du soir et ses huiles de poches. Mais voilà qu’une étude australienne vient bousculer les habitudes de comptoir : le cannabidiol pourrait bien freiner la consommation excessive d’alcool. Et pas besoin d’y croire sur parole, ce sont des chercheurs qui le disent, souris à l’appui. Le CBD démystifié, c’est sur Le Cannabiste que ça se passe !
Le CBD face au binge drinking : de la souris à l’humain
Le CBD, cette molécule qui fait désormais partie du vocabulaire bien-être de beaucoup, se glisse aujourd’hui dans un débat aussi vieux que la première cuite : peut-on réduire la consommation d’alcool avec une alternative naturelle ? Selon une nouvelle étude australienne, la réponse pourrait bien être oui. Et ce ne sont pas des hippies en sarouel qui le disent, mais des chercheurs du très sérieux University of Sydney.
Grâce à un modèle animal baptisé “drinking-in-the-dark” — comprendre : des souris livrées à elles-mêmes face à de l’alcool en mode open bar — les scientifiques ont testé les effets du CBD sur des comportements de type binge drinking. Eh bien, la molécule issue du chanvre a mis un sacré coup de frein sur la descente de verres.
Ce que dit la science : zoom sur l’étude australienne
L’étude en question, publiée dans le British Journal of Pharmacology et financée par l’Australian National Health and Medical Research Council, a observé un effet dose-dépendant du CBD sur la consommation d’alcool. Autrement dit : plus on donne de CBD aux souris, moins elles picolent.
Une méthode “drinking-in-the-dark” bien éclairante
Le protocole utilisé, surnommé “drinking-in-the-dark”, est un modèle reconnu pour simuler le binge drinking chez les souris. Pas de mojito sur une plage, mais une cuve d’éthanol proposée à des rongeurs à la tombée de la nuit — période où leur activité est naturellement plus intense. Pendant cette fenêtre temporelle de deux heures, les souris ont un accès illimité à de l’alcool à 20 %, reproduisant un comportement de consommation rapide et excessive.
Ce qui est fascinant ici, c’est que les chercheurs ont administré différentes doses de CBD juste avant l’accès à l’alcool. Résultat ? Plus la dose était élevée, moins les souris buvaient. Pas d’hypnose, pas de carotte, juste une baisse franche et nette de la motivation à s’enfiler des gorgées. Cette réduction de la consommation n’est pas un simple hasard : elle est proportionnelle à la quantité de CBD administrée, ce qu’on appelle une réponse dose-dépendante.
En somme, ce protocole a permis de démontrer que le CBD agit rapidement et efficacement, sans attendre une quelconque accumulation dans l’organisme. Et ça, c’est plutôt rare dans le monde des substances naturelles.
Des effets durables, sans altérer la mobilité
Un autre point clé, et non des moindres, concerne l’absence d’effet secondaire notable. On connaît les critiques habituelles : « Oui, mais ça endort », « C’est peut-être juste un effet calmant déguisé », etc. Sauf que non. Les chercheurs ont pris soin de mesurer l’activité locomotrice des rongeurs, et le verdict est sans appel : le CBD n’a pas affecté leur mobilité. Pas de mollesse, pas de ralentissement. Elles marchaient, grimpaient, exploraient comme d’habitude.
C’est une donnée cruciale, car cela signifie que la baisse de consommation d’alcool n’est pas due à une sédation ou à une sorte de léthargie. Le CBD n’endort pas la motivation comme le feraient des anxiolytiques ou des somnifères. Il semble plutôt intervenir directement sur les circuits de la motivation ou de la récompense liés à l’alcool.
Les chercheurs évoquent notamment une cible intrigante : le récepteur du neuropeptide S (NPSR1). Moins célèbre que les récepteurs classiques du CBD (comme les CB1/CB2), il pourrait pourtant jouer un rôle déterminant dans la régulation des comportements addictifs. Le CBD, en interagissant avec ce récepteur, pourrait désamorcer le signal de “plaisir” ou de “besoin” lié à l’alcool, un peu comme si on baissait le volume dans la tête du buveur.
Et dans la vraie vie, ça donne quoi ?
Là, vous allez vous dire : « OK, c’est cool pour les souris, mais moi, je suis dans un bar avec une pinte, pas dans une cage. » Bonne remarque. Et justement, d’autres recherches vont dans le même sens, cette fois chez l’humain.
Une étude publiée dans Molecular Psychiatry a montré que 800 mg de CBD pouvaient réduire les envies d’alcool chez des personnes souffrant de troubles liés à la consommation. Et dans une autre étude financée par le gouvernement américain, des participants ayant consommé du cannabis avant de boire rapportaient moins d’envie de boire et un nombre de verres inférieur à ceux qui n’avaient pas consommé de weed.
C’est presque un trend. Un autre sondage, cette fois de Bloomberg Intelligence, indique que trois jeunes adultes sur quatre remplacent parfois l’alcool par du cannabis, au moins une fois par semaine. Alors oui, le bar à cocktails cède doucement sa place au bar à fleurs.
Ce qu’il faut retenir et ce qu’il faut suivre de près
Ce que cette étude australienne ajoute au tableau, c’est une donnée expérimentale forte : le CBD pourrait jouer un rôle préventif ou thérapeutique dans les troubles liés à l’alcool. On ne parle pas d’un miracle en spray ou d’une pilule anti-apéro, mais bien d’une piste sérieuse pour ceux qui veulent lever le pied sans culpabilité.
Cela dit, les auteurs restent prudents. Ils rappellent que les mécanismes précis de l’action du CBD ne sont pas encore élucidés. Polypharmacologie, action sur des récepteurs inexplorés, modulation du stress… Il y a de quoi nourrir quelques thèses.
Mais une chose est sûre : si le cannabis était déjà considéré par beaucoup comme une alternative plus douce aux substances comme l’alcool ou les opioïdes, le CBD prend désormais la tête du peloton des substituts potentiels. En douceur, sans planage, et avec l’approbation des blouses blanches.
