En ce moment même, la mairie de Barcelone compte bien faire fermer une trentaine de CSC (Cannabis Social Clubs) au sein de la ville. Une idée qui fait parler et qui déplaît à pas mal de monde, dont le juge José María Asensio. Cet homme défend la liberté de ses espaces pourtant bénéfiques, mais étant dans le collimateur de la mairie et particulièrement du conseiller à la sécurité et adjoint au maire de Barcelone.
« L’interdiction [des stupéfiants, NDLR] génère de la violence »
Voilà ce qu’Asensio dit, et ce qu’il pense.
Revenons un peu sur les événements cannabiques qui remuent “Barna”, sur Le Cannabiste !
Fermer une trentaine de cannabis social clubs, vraiment ?
Ce qu’il se passe, c’est que la Mairie vise en réalité des établissements qu’ils jugent “conflictuels”. À noter que certains de ces CSC collaborent pourtant avec les autorités et font partie d’un programme de “réduction des risques”.
Fin 2023, la municipalité et les autorités parlaient déjà de fermeture de nombreux clubs de cannabis, d’environ 200 plus précisément. C’est Albert Batlle, conseiller à la sécurité et adjoint au maire de Barcelone, qui l’avait annoncé.
Il disait :
« Nous voulons le faire [les fermer, NDLR] avec la sécurité juridique, avec rigueur et sans défauts causés par la précipitation »
Albert Batlle
Il y a quelques jours, Batlle envoyait une notification de cessation d’activité à pas moins de 30 CSC, donc. Suite à quoi, ces établissements ont eu 10 jours pour présenter des allégations, sans quoi, leur fermeture serait imminente. En d’autres termes, les entités auront une dizaine de jours pour soumettre leurs arguments ou éléments de défense face aux reproches ou aux conflits mentionnés.
Suite à cela, les autorités sont censées déterminer si la fermeture sera définitive ou temporaire, pour une période de six mois à deux ans… De quoi être très mal pour les propriétaires des établissements visés.
Et bien sûr, la Mairie continuera son activité d’inspection, dans le cadre du “maintien du respect des réglementations”
Visiblement, cette offensive contre les CSC n’est pas près de prendre fin, bien que les CSC barcelonais soient considérés comme des institutions et des modèles pour bon nombre de pays…
Mais ceci dit, les associations comptent bien continuer de se battre pour offrir un accès sécuritaire au cannabis à leurs membres !
Nous aurions aimé développer davantage les arguments de la Mairie, mais il semble qu’il n’y en ait pas vraiment.
L’opposition du juge José María Asensio vis-à-vis de la décision de fermeture de Cannabis Social Clubs à Barcelone
José María Asensio, jeune juge de 35 ans et défenseur de la dépénalisation de toutes les drogues, est contre la décision de la municipalité de Barcelone de procéder à ces fermetures d’établissements. Cet homme est également président du Tribunal pénal 11 de Barcelone.
Directement après l’ordre donné de la fermeture des 30 CSC à Barcelone, José María Asensio a critiqué cette décision, la qualifiant d’erreur.
Selon Asensio le magistrat plus que favorable à la décriminalisation du cannabis, les consommateurs continueront à exister et devront se tourner vers les mafias, ce qui augmentera le crime organisé.
Il s’est adressé au journal “ElDiario.es” en disant que :
« Cela me semble être une erreur. Je ne connais pas les raisons pour lesquelles cela est fait parce qu’elles n’ont pas été clairement expliquées. La seule chose qui a été affirmée, c’est l’objectif de mettre fin à la criminalité, et c’est une contradiction. Si les clubs de cannabis sont fermés, les rues seront beaucoup plus dangereuses ».
José María Asensio
On peut aussi noter une phrase percutante qu’il a confiée à ce journal lors de cette interview :
« L’autre raison (d’être favorable à la décriminalisation de cannabis, NDLR) est pragmatique : la prohibition engendre le crime et on l’a vu lors de la Prohibition, lorsque l’empire d’Al Capone et toute la violence qui y est associée prospéraient. »José María Asensio
Bien sûr, Asensio ne soutient pas du tout les CSC qui n’en sont pas vraiment, c’est-à-dire ceux qui se servent de ce titre pour couvrir des activités illégales.
Il affirme également que beaucoup de juges sont favorables à mettre un terme à la prohibition des drogues, mais que peu osent le dire publiquement.
Citons un passage intéressant de l’interview :
ElDiario.es : La loi part du principe que la consommation ou la possession de drogues sur la voie publique menace la sécurité des citoyens.
« C’est complètement paradoxal. L’autre jour, je discutais avec un ami dévoué à la politique et je défendais les bénéfices de la réglementation d’un point de vue pragmatique.»
Il a répondu « oui, mais les drogues sont mauvaises ».
Nous prenions une bouteille de vin et je lui ai dit :
« Mec, il est trois heures de l’après-midi et nous avons bu deux bières et une demi-bouteille de vin chacun. »
José María Asensio
Tellement révélateur…
Pour lui et pour d’autres (que nous soutenons grandement), la prison n’est pas la solution.
Il faut s’éloigner de cette prohibition plus ou moins omniprésente selon les pays, faire place à la clémence et à l’éducation.
Quant à la décision de fermer 30 CSC “d’un coup d’un seul”, sans venir argumenter cette décision, sans prendre la peine de prévenir qui que ce soit en amont, il n’y a pas d’intérêt, si ce n’est une contre-productivité béante.
La question reste ouverte : la fermeture de ces clubs sera-t-elle un pas vers plus de sécurité ou un retour en arrière vers la prohibition et ses dérives ? Seul le temps nous le dira, mais nous, nous avons déjà notre petite idée sur la question.
Sources : eldiario.es / canamo.net