Pour cette fois (seulement) il nous faut bien confesser avoir amputé la Punchline. Pour bien faire, le Cannabiste aurait dû titrer : LA légalisation du Cannabis en Arctique, voilà qui est à dit.
Le Nunavut
Car derrière ce titre discret, se cache en revanche un défi de taille pour les législateurs du territoire Arctique de Nunavut. Comme on peut le voir sur la carte, ça se trouve tout au nord du nord, du nord du Canada.
Le Nunavut est un immense territoire où la nature est assez hostile, d’un côté l’ocean Arctique, de l’autre le Groenland. Entre les deux, une région environ 4 fois grande comme la France où il fait entre -32°C en hiver et fort heureusement +10°C l’été.
Wikipédia nous apprend que le mot Nunavut veut dire Notre Terre en « Inuktitut » la langue régionale. On y compte en moyenne 1 habitant pour 70 Kilomètres carrés. En comparaison, le Nunavut est 2 fois moins peuplé que le Groenland. Au total un peu moins de 36 000 personnes y vivent.
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Et pourtant même dans cet immense territoire sauvage, la légalisation du Cannabis soulève un certain nombre de questions essentielles
La distribution du Cannabis ?
Pour commencer, lorsque le Cannabis deviendra légal dans tout le Canada en Octobre prochain, il faudra bien que l’on puisse s’en procurer quelque part.
D’après le gouvernement régional : « il existera différentes possibilités dans les grandes communes (…) mais les options seront plus limitées pour les habitant des petites collectivités.
De nombreux résidents importent déjà les produits qu’ils consomment depuis le sud, au Canada. Le e-shopping est une alternative qui est très utilisée. Mais le transport maritime n’est possible qu’une partie de l’été. »
« Le e-shopping une alternative très utilisée. »
Fort heureusement, il sera totalement légal et donc possible de se faire livrer du Cannabis en ligne dans tout le Canada, tout du moins pendant l’été, au Nunavut…
Quid de l’Autoproduction de Cannabis ?
Au départ les autorités Nunavut à l’instar des Québécoises étaient totalement opposés à l’idée d’autoculture du Cannabis, comme prévu par la loi Canadienne.
Dennis Patterson le sénateur de l’état a exprimé ses vives craintes concernant la ‘sécurité des installations domestiques’. Au final il semble que le gouvernement Nunavut soit disposé a tolérer l’autoculture, mais pour nombre ‘plus réduit que celui de 4 plants’. (NDR : ‘Sic!’)
Isolement et précarité d’une partie la population
Au total 85% la population est composée de natifs originaires de la région, un taux de chômage élevé et un niveau scolaire moyen très faible. L’alcoolisme, la délinquance et un taux de suicide élevé parmi la population locale posent déjà de gros problèmes.
Le sénateur de l’état a dernièrement fait état de ses craintes au sujet des ‘maladies mentales’, déclarant notamment qu’il ne se sentait ‘pas prêt’ pour affronter la légalisation.
« Je sais que le Cannabis est largement consommé dans le Nunavut, je ne voudrais pas passer pour un prohibitionniste forcené car je sais que la légalisation du Cannabis à fait l’objet d’un large soutien au Nunavut.
Mais je sais que cela peut avoir un impact sur la santé mentale de nos concitoyens. Certaines personnes déjà affectées seront plus vulnérables à des problèmes de santé mentale comme : la schizophrénie, les crises d’angoisse, et la dépression. nous devons nous préparer à gérer ces phénomènes et pour le moment nous ne le sommes pas. »
Vu la nouvelle loi fédérale et les contraintes locales liées à l’approvisionnement : Le sénateur met en garde contre une invitation à organiser ‘les petits traffics entre amis’.
Pour réchauffer l’ambiance et atténuer un peu les frilosités du Sénateur, l’état fédéral a annoncé son intention d’accompagner la nouvelle loi avec une enveloppe 400 Millions de $. Par la voix de Jane Philpott, la ministre Canadienne aux affaires Indigènes ce budget a été promis afin d’aider au développement d’un programme de lutte contre les addictions, en particulier pour la construction de centres communautaires spécialisés.
Que demande le peuple ?
Par la voix de leur principal représentant l’Inuit Isaac Shooyook la population native a également fait part de ses vives preoccupations.
« Alors que notre gouvernement essaye de légaliser la Marijuana, aucune mesure de prévention n’a été mise en place. Il n’y a ni ressources, ni centre de soin, ni même des abris pour les nécessiteux chez nous. Je vous prie de bien vouloir entendre ici qu’au Nunavut il n’existe aucun système de protection sociale pour ceux de mon peuple. »
Quel sera le mot Inuktitut pour Cannabis ?
Histoire de terminer sur une note plus légère, attardons nous sur ce problème existentiel et crucial : il n’existe aucun mot dans la langue Inuktitut pour dire ‘Cannabis’. Ce langage est parlé par les 2/3 de la population locale mais personne n’a jamais rien vu de semblable pousser dans la région, cela n’a donc pas de nom. (NDR : Diable!)
C’est la raison pour laquelle les membres élus de la communauté Nunavut représentant la législature Amittuq ont officiellement proposé les termes de : « surrarnaqtuq » ou encore « ujarak ».
Sources :
Wikipedia
Nunatsiaq
The star
Talking Drugs
— Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés–