Le Cannabiste reçoit le gérant des magasins Sa-Tea-Va pour une interview coup de gueule. Après 13 perquisitions 7 gardes à vues et en tout 13 dossiers à défendre face à la justice, Pascal Brunet un entrepreneur de 57 ans de la région, de Caen, se demande quand la France va enfin se conformer au droit Européen
Le CBD et le chanvre de détail : un commerce qui peut légalement s’exercer en France mais que les autorités accablent.
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LC: Bonjour Pascal, vous vivez dans quel coin? Vous faites travailler combien de personnes? Où sont vos boutiques?
« Bonjour le Cannabiste, merci de me recevoir. Je vis et je travaille dans la région de Caen. Je suis un entrepreneur Français du Chanvre et du Cannabis légal.
En tout mes entreprises font vivre une vingtaine de travailleurs salariés. J’ai deux boutiques à Caen, puis à Rouen, Evreux, Le Havre, Cherbourg, Angers, Lisieux et aussi à Bordeaux. »
LC: Combien de fois avez vous été perquisitionné / Gardé à vue en tout?
« Malheureusement je crois qu’en France c’est moi qui possède le record du nombre pour les commerçants de détail du CBD. En tout j’ai compté 13 perquisitions à la recherche de produits stupéfiants.
Mes équipes et moi même avons été placés en tout 7 fois en garde. Toujours pour le même motif : c’est stupéfiant ! »
LC: Est-ce que vous avez déjà vendu des stupéfiants?
« Certainement pas et d’ailleurs je ne le ferais à aucun prix. Passez-moi l’expression il faudrait être complètement marteau pour tenter de faire cela dans une boutique de CBD.
Imaginez un caviste qui vous propose de l’eau de vie frelatée sous le manteau un garagiste qui vous vendrait des voitures sans papiers … soyons sérieux deux minutes, cela n’aurait strictement aucun sens. »
« Personnellement je suis contre toutes les drogues, surtout l’alcool. C’est précisément la raison pour laquelle je me suis lancé dans le négoce du CBD, une alternative aux drogues.
Ce Cannabis légal le Chanvre, ne peut absolument pas être classé comme stupéfiant. C’est d’ailleurs la cour de justice Européenne qui vient d’en informer la France pour l’affaire Kanavape, il serait temps qu’elle en tienne compte c’est la loi en Europe comme en France… »
LC: Vos fournisseurs sont des fantaisistes? Sinon il est où le HIC avec les taux là?
« Oui bien sur, notre critère de sélection pour la fiabilité des fournisseurs de chanvre et de CBD c’est le nez rouge et la petite fleur qui éclabousse …
Trêve de blague: nos fournisseurs savent combien il est important pour nous d’avoir des produits qui correspondent à la norme 0.2% de THC qui est la notre ici.
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L’exigence c’est à la fois de veiller à la qualité et au naturel mais avant tout le respect du cadre légal. Nous travaillons exclusivement sur des produits dont nous possédons les analyses précises. C’est un métier! »
LC: Quel sont les profils de personnes qui font votre clientèle en règle générale ?
« Il y a vraiment de tout, autant de diversité qu’on pourrait en trouver dans un magasin de téléphones portables.
Mais un profil est récurent, quel qu’en soient les âges, ce sont les personnes qui souhaitent se détacher du THC! »
« On soupçonne mal à mon avis, le nombre de gens qui se déclarent en situation d’inconfort voire de mal-être avec le Cannabis fort en THC qu’on trouve au marché noir.
Nos boutiques leur permettent d’avoir accès à une alternative plus saine et dépourvue d’effets narcotiques. Je me dis parfois qu’au lien de nous traquer et de nous poursuivre, l’état serait certainement mieux inspiré de nous donner accès à des crédits et des subventions ! »
LC: Et quand vous lui expliquez que vous êtes un négociant en chanvre de détail, la justice elle vous répond quoi?
« Elle me répond que je suis un trafiquant de drogue, point final. »
LC: Quelle est l’excuse la plus fumeuse qu’on vous ait donné pour une perquisition? Un dernier mot ?
« C’est une bonne question. Au fait des lois Européennes les forces de l’ordre et les parquets rivalisent d’imagination pour qualifier nos crimes et tenter de faire porter des soupçons farfelus.
Figurez vous qu’on vient fraîchement de me dire que: compte tenu que des jeunes du quartier populaire voisin, exhibaient des factures de mon magasin et des sachets d’herbe de CBD pour y dissimuler leur propre produits, il me faudrait fermer mes portes. (NDLR: Sic!)
Qui oserait aller au Garage Renault leur demander d’arrêter de commercialiser des voitures parce qu’un voleur pris la main dans le sac, avait exhibé une facture du dit garage?
La prohibition sauvage, ça ne tiendra plus longtemps, l’état et la justice sont probablement dans la nécessité de changer de fusil d’épaule. Le problème c’est qu’en attendant c’est nous les commerçants, qui payons les pots cassés. »
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« Dans mon malheur et pour répondre à votre dernière question, j’ai parfois reçu des remarques cocasses et observé des réactions sidérantes, en particulier chez les forces de l’ordre. »
« Une fois, on m’a signifié ma fermeture au motif que le chien de la police avait remué la queue lors d’une perquisition, c’est tout à fait sérieux.
Et le plus intéressant c’est que le vice-procureur a repris ce motif face à moi, pour justifier de la fermeture de ma boutique au Havre … On nage en plein délire.
Certains jours face à une telle incompréhension, j’ai vraiment envide de demander à la justice Française: mais de qui se moque t-on? »
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Sources : Interview exclusive réalisée en ligne le 26 novembre 2020
– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –