De la prison ferme pour des parents qui veulent soigner leur fils épileptique avec du cannabis ?

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enfant épileptique avec ses parents
Source la1ere.francetvinfo.fr • Photographe : ©Suliane Favennec

C’est une histoire poignante, qui se déroule en Polynésie française. L’histoire de deux parents désemparés, qui ont trouvé pour seule solution l’huile de cannabis. Cette solution non conventionnelle pour beaucoup, c’est pour leur fils Ariimatatini, âgé d’à peine 13 ans et atteint d’épilepsie sévère qu’ils l’utilisent. Le seul remède permettant d’apporter un réel soulagement à l’enfant.
Les risques encourus concernant leur plantation à usage thérapeutique ? De la prison. Les conséquences du passage des gendarmes dans leur jardin ? Plus de remède efficace pour le jeune homme, menant à des crises d’épilepsie très fréquentes.
Découvrez le récit révoltant de cette famille qui prendrait tous les risques pour aider leur fils, sur Le Cannabiste.

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Troubles épileptiques post-vaccin

Le malheur s’abat sur Ariimatatini (l’enfant) et sa famille à la suite d’un vaccin reçu à ses 9 mois. 6 jours après cette injection, le bébé se met à convulser une vingtaine de fois par jour. On ne peut qu’imaginer le désarroi des parents, qui se mettent alors à essayer tout traitement pour calmer les crises de leur fils. Médicaments, homéopathie, rā’au tahiti (médecine traditionnelle tahitienne), appel à un prêtre, essai d’un protocole de désintoxication au vaccin, en vain.
Le père de famille (Arii) doit arrêter de travailler pour s’occuper pleinement de son fils alors très malade. La mère de famille continue de travailler, pour subvenir aux besoins de tous (le couple à 3 enfants en tout).
Rien ne permet alors de calmer Ariimatatini, jusqu’à ce que la mère se penche, désespérée, sur le cannabis. Au début contre cette plante, celle-ci apprend que le cannabis peut soulager, dans certains cas, les symptômes épileptiques.

Le début d’une solution : l’huile de CBD, puis l’huile de cannabis

Suite à la lecture d’un témoignage d’une maman se situant aux États-Unis, la mère du jeune Ariimatatini se décide à commander de l’huile CBD en provenance des USA. Les effets du cannabidiol se font alors ressentir au bout d’un mois, avec une amélioration significative de l’état de son fils. Poursuivant ses recherches, la maman dévouée se rend compte qu’une huile de cannabis plus forte en THC pourrait améliorer davantage la santé de son garçon. De là, les parents décident de se lancer.

La plantation d’un espoir qui renait

Le papa se met à sélectionner différentes variétés, puis commence à cultiver du cannabis dans son jardin, dans le but de confectionner de l’huile concentrée en cannabinoïdes. Les résultats sont presque incroyables pour cette famille, qui voit les crises de l’enfant passer de 20 à 3 par jour, puis à zéro pendant 1 mois. Ces progrès sont étonnants ; il peut manger et boire seul, etc. Malheureusement, après 2 ans de satisfaction grâce au cannabis thérapeutique, les gendarmes débarquent à la suite d’une dénonciation… Ils arrachent le précieux remède de l’enfant, les parents se retrouvent alors démunis, en colère.
Privé de cela, Ariimatatini rechute petit à petit…
Le père écopera, suite à ça, de deux mois de prison avec sursis, puis d’une amende de 200 000 F CFP (franc pacifique) ; cela équivaut à 1700e environ. Le délit ? Usage et possession de stupéfiants… Une peine qui a du mal à passer, une injustice écœurante.

Le combat continu

Bien sûr, en tant que parents aimants, Arii et Tumata réitèrent. Ils replantent leurs graines d’espoir afin de confectionner au plus vite le “remède miracle”, tout en voyant leur fils souffrir un peu plus chaque jour. L’enfant perd du poids, convulse très souvent, trop souvent.

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Le temps passe, les fleurs poussent, et les parents obtiennent l’huile de cannabis, ce qui permet à leur fils de regagner en confort de vie. Mais cela ne dure pas. La police revient pour leur arracher leur espoir, ils enlèvent tout. Certains diront que c’est leur métier, le “combat contre la drogue”. Nous, nous dirions qu’il y a prescription. Les vertus que sont la clémence et la compassion auraient pu leur permettre de fermer les yeux… De laisser à cet enfant sans défense, le réconfort que lui procure cette plante diabolisée.
La mère comprend bien, justement, que les gendarmes font leur travail. Mais elle sait qu’elle n’a pas d’autre choix que de prendre le gauche, pour le bien-être de son enfant. Le père, quant à lui, est remonté contre ce système qui n’est pas capable de nuancer les choses.
La deuxième saisie laisse place à la souffrance. Les parents doivent retourner vers la médecine allopathique, le traitement du jeune garçon est réévalué. On lui augmente les doses de médicaments, sauf que ça ne fonctionne pas du tout. L’enfant frôle la mort, suite à des crises incessantes, à fréquence de toutes les deux minutes pendant 4 jours !
Pas le choix, le père replante encore afin de secourir son fils.
Devant le tribunal, on lui “propose” 6 mois de prison avec sursis. Le couple refuse, cela pourrait donc se finir devant le tribunal correctionnel. Mais rien n’arrêtera ces parents, qui se sont déjà même préparés à l’éventualité du père qui finirait derrière les barreaux.

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Par amour pour leur fils

« La justice ne va pas nous faire avancer dans la guérison de mon fils, on le sait aujourd’hui. Alors, on va continuer à planter même si on connaît les risques, on va continuer d’avancer, car tout ce qui importe c’est le bien-être de notre enfant ». Ce sont les mots d’une maman prête à tout (recueillis par FranceInfo), ne reculant devant aucun obstacle. La famille aimerait qu’on leur accorde une exception, que l’on comprenne que le cannabis est le seul remède permettant d’apaiser leur fils ! La sœur d’Ariimatatini a d’ailleurs décidé d’étudier le droit, se retrouvant devant tant d’injustice.

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Les choses devraient bouger pour la famille et les personnes dans le besoin de ce genre de traitement, car la Polynésie française est en train de revoir sa législation concernant le cannabis médical. Encore une affaire à suivre…

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Pour finir, une pensée à la petite Charly ainsi qu’à sa famille. La petite est décédée, faute d’avoir pu consommer la seule chose qui la calmait lors de ses crises d’épilepsie ; l’huile de cannabis.

A propos Léonard 25 Articles
Propriétaire et directeur éditorial du média Le Cannabiste, ainsi que de plusieurs autres sites informatifs dédiés à cette plante fascinante. Mon engagement va bien au-delà de la simple passion ; il repose sur la conviction que l'éducation et l'information sont les piliers d'une approche éclairée du cannabis. Je suis déterminé à œuvrer pour une perception du cannabis qui reflète sa véritable nature : une ressource précieuse aux innombrables applications.