Une nouvelle étude Allemande vient contredire tout ce que les autorités pensaient savoir en matière de consommation de Cannabis au volant. Un petit groupe de consommateurs habituels a été testé par les chercheurs. Ces derniers n’ont pu trouver aucun impact mesurable du THC sur leur conduite automobile, 3 Heures après l’usage. Contrôle rétroviseur, clignotant, vous roulez en sécurité sur Le Cannabiste.
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Avertissement:
« En France la conduite, ou l’accompagnement d’un élève conducteur, après avoir fait usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est interdite, quelle que soit la quantité absorbée. La police et la gendarmerie disposent d’un kit de dépistage salivaire qui détecte les différents types de drogues en quelques minutes. (…) Ce test peut être demandé même lorsque le véhicule est à l’arrêt, moteur coupé.» Renseignements et infos sur http://www.securite-routiere.gouv.fr
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#Pitchoune
cela veut dire ‘petite’ en patois Provençal et il faut bien reconnaître que l’étude qui nous intéresse est toute petite, pour ne pas dire microscopique. En Allemagne, une petite quinzaine de consommateurs réguliers de Cannabis, ont été testés à l’aide d’un simulateur de conduite, après leur avoir fait fumer de l’herbe de Cannabis.
Si vous étiez du sud vous diriez sans doute : « elle est pitchoune ton étude, j’aurais fait mieux tout seul dans ma salle de bain! ». Pourtant voyons les enseignements que l’on peut déjà tirer d’une expérience quasi inédite, en tout cas très rare sur le sol Européen, impliquant officiellement des conducteurs et des joints.
#Pedigree
Au niveau pédigrée c’est du sérieux, il s’agit des Instituts de médecine légale et de mathématiques du pôle universitaire de Düsseldorf, assistés par les chercheurs du département de psychiatrie et de psychothérapie, du LVR-Hospital à Langenfeld en Allemagne.
Le résumé de l’étude est disponible ici.
Alors que dire de cette nouvelle étude Allemande? D’abord que c’est une micro-étude réalisée dans des conditions un peu particulières. Cela restera un essai temporaire, dont il est possible de cerner les limites et la portée scientifique très rapidement.
- Réalisée sur 15 sujets volontaires
- Pas de groupe témoin
- Absence de double aveugle
- Absence de placebo
#Δ9THC
D’abord il faut définir ce que l’on entend par ‘consommateur habituel‘ et l’étude n’est forcément pas très parlante là-dessus.
Car il y à, le consommateur habituel si l’on peut dire, entendez la personne qui fume une cigarette de Cannabis le soir par exemple… Et consommateur habituel parmi lesquels de nombreux usagers sont capables de ventiler jusqu’à 2 ou 3 grammes de concentré de Cannabis par jour.
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Il faut d’abord comprendre que la tolérance du corps humain aux Cannabinoïdes, c’est un sujet aussi complexe que l’accidentologie routière elle même. Idéalement pour être juste, il faudrait d’abord identifier et classifier des groupes de sujets en fonction de leur tolérance aux Cannabinoïdes. Sinon vous faites juste parler la chance.
Car imaginez qu’on soit tombé par hasard, sur 15 usagers réguliers de bong. C’est la fameuse ‘pipe à eau’ vous savez?
Voyez-vous, si l’on propose quelques joints légers avant l’expérience à ces usagers là … Autant avoir fait passer le test à des alcooliques endurcis avec du Champomy. Mais reprenons.
#Joints
C’est la même problématique, on propose 3 joints au maximum à ces 15 candidats.
Pour chaque sujet 300 microgrammes de THC par kilo et par joint. Très bien. Mais de quels autres profils cannabinoïdes parle t’on? De quelle herbe, donc de quel entourage terpénique etc … Ces facteurs combinés peuvent être déterminants sur le ressenti d’un consommateur de Cannabis et agir de manière déterminante sur sa concentration au final.
Tous les habitués vous le diront. Voici ce qu’il faut savoir.
- Aucun Cannabis n’est parfaitement égal à un autre
- Aucun usager n’est parfaitement identique à l’autre
- À dose et à personne identiques, les effets varient selon le moment de la journée
L’étude qui nous intéresse ne maîtrise aucun de ces paramètres, faute d’expérience technique ou clinique suffisantes pour le faire.
Crédits : Dope.com
#Tempo
les sujets ont d’abord fumé 1 à 3 joints puis sont passés sur le simulateur de conduite, sur des routes différentes à chaque fois.
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Des test médicaux ainsi qu’une prise de sang ont été réalisé 3 heures et 6 heures après la consommation en fumée du Cannabis. Les observations mettent en évidence des fautes de conduite immédiatement après la consommation du Cannabis, mais plus rien de notable après 3 heures.
« Le moment qui vient après la consommation de cannabis semble jouer un rôle important en matière de sécurité de la conduite: beaucoup plus de fautes de conduite ont été commises directement après la consommation. Trois heures après la consommation, aucune augmentation significative des fautes de conduite n’a été observée. Six heures après la consommation (au cours de la phase dite subaiguë), une augmentation des fautes de conduite peut être notée bien que non significative » Auteurs
#3Heures
Ce serait le moment à partir duquel plus aucune faute de conduite ne serait détectable par les chercheurs. Cela questionne au passage sur la manière dont la police et la justice analysent la présence de traces de THC chez les conducteurs, un peu partout dans le monde, et l’interprétation des traces minimes de THC dans le sang, des jours après l’usage de Cannabis.
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Cependant attention aux conclusions hâtives, des fautes de conduite plus nombreuses de la part des conducteurs ont bien été relevées immédiatement après la consommation des joints. Le Cannabis impacte manifestement la conduite !
Il reste à savoir cependant jusqu’où les Cannabinoïdes mettent réellement en jeu la sécurité des conducteurs et du public. Ensuite il faudra sans doute parler des interactions du Cannabis avec l’alcool.
L’étude conclut que …. de nouvelles études seraient nécessaires sur un sujet sensible et technique que le Cannabis au volant. Si on cherche vraiment de quelle manière le Cannabis impacte la sécurité de toutes et de tous, on pourrait commencer par se poser la question de l’efficacité d’essais réalistes et beaucoup plus élargis.
À défaut de se demander de manière objective quel est l’impact mesurable du Cannabis seul, sur la conduite, on risque de prendre encore longtemps les vessies pour des lanternes.
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– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –