L’ONU tire la sonnette d’alarme sur la guerre contre la drogue. Depuis Bogotá, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, appelle à une révolution des politiques mondiales : décriminalisation, fin des punitions aveugles et priorisation de la santé publique. Les cibles ? Les discriminations systémiques, la stigmatisation et les dégâts environnementaux liés à la prohibition. Une claque diplomatique, livrée avec un sourire humaniste.
Punir les usagers pour sauver la planète ? L’ONU dit non, et ça se lit sur Le Cannabiste.
La fin annoncée de la guerre contre la drogue
C’est officiel : même les hautes sphères de l’ONU en ont marre de la guerre contre la drogue. Lors d’une conférence internationale sur la réduction des risques, tenue à Bogotá (Colombie) fin avril 2025, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a sorti la sulfateuse verbale contre la prohibition.
Et il n’a pas mâché ses mots : selon lui, la criminalisation des drogues “échoue lamentablement” à tous les niveaux. Elle “rate sa cible” en matière de santé publique, elle “discrimine les populations les plus vulnérables”, et elle fait peser un poids gigantesque sur… roulement de tambour… le climat. Oui, la guerre contre la drogue est aussi un désastre environnemental. Bravo l’humanité.
Pour Volker Türk, il est temps d’arrêter de punir les gens pour un usage personnel et de se tourner vers une approche basée sur la santé, la prévention et un tant soit peu de bon sens. Spoiler : on n’y est pas encore.
Les politiques punitives dans le viseur de l’ONU
Depuis des décennies, la réponse mondiale aux drogues tient en trois mots : interdiction, répression, prison. Une trilogie infernale qui, selon l’ONU, a causé bien plus de dégâts qu’elle n’en a empêchés. Ce que Volker Türk dénonce aujourd’hui, c’est une stratégie dépassée, souvent guidée par la peur, les préjugés ou la politique spectacle. Résultat : des vies brisées, des communautés entières marginalisées, et des millions de dollars engloutis dans une guerre sans fin. Et le plus ironique ? Le nombre de consommateurs n’a jamais baissé.
Un échec global reconnu par les experts
Le chef des droits de l’homme de l’ONU ne parle pas dans le vide. Son discours s’appuie sur des années de constats accablants de la part d’experts, d’ONG et de groupes onusiens. En 2023, le rapport de la coalition internationale sur la réforme des politiques de drogue et la justice environnementale dénonçait l’impact destructeur du trafic illégal sur les écosystèmes les plus sensibles.
On parle ici de déforestation, stress hydrique, pollution chimique, etc. Le tout, enrobé d’un bon vieux financement massif : 13 milliards de dollars de l’argent des contribuables américains ont été engloutis dans des opérations de lutte anti-drogue à l’étranger entre 2015 et 2023. Résultat ? Toujours plus de trafics, toujours plus de misère, et un sacré manque à gagner pour les politiques publiques de santé.
Mais ce n’est pas fini : entre 2012 et 2021, 30 pays donateurs ont claqué près d’un milliard de dollars dans la lutte internationale contre les drogues. Et dans certains cas, cet argent a servi à alimenter des pays où la peine de mort est appliquée pour simple possession. Classe, non ?
Les populations les plus touchées : un cri d’alerte humanitaire
Et qui trinque dans tout ça ? Les personnes déjà précaires, marginalisées, invisibilisées. Volker Türk cite en particulier les peuples autochtones, les personnes d’ascendance africaine, les usagers eux-mêmes — ceux qu’on enferme plus qu’on ne soigne.
“Nous devons traiter la personne, pas punir le trouble”, martèle-t-il. On applaudit, et on se demande pourquoi il a fallu 50 ans pour qu’un officiel de l’ONU formule cette évidence à haute voix.
Vers une régulation responsable et inclusive
Volker Türk pousse pour une transition claire : passer de la criminalisation à la régulation intelligente. Pas une légalisation sauvage à la va-vite, non. Plutôt une stratégie pensée, adaptée, coordonnée. Il le dit lui-même : “Il n’y a pas de solution universelle, mais la collaboration est cruciale.”
Autrement dit : chaque pays doit construire sa propre version du changement, mais en s’appuyant sur des piliers communs : accès aux soins, réduction des risques, fin de la stigmatisation et implication de la société civile.
Dans son discours — prononcé en espagnol, svp — Türk souligne aussi le rôle des ONG, des soignants, des usagers, et même du système judiciaire. Une grande famille qui doit apprendre à se parler… sans menottes.
L’idée générale est de : “Remplacer la prohibition par une régulation responsable, sortir les profits du trafic des mains du crime organisé, et sauver quelques arbres au passage.” Ça semble presque trop beau pour être vrai, et pourtant…
Ce que l’ONU propose aujourd’hui, c’est de tourner la page d’un demi-siècle de politiques ratées, où la morale a souvent pris le pas sur la science. Et si certains pays commencent timidement à changer (coucou les Pays-Bas, le Canada ou encore la Thaïlande), on est encore loin du compte.
Mais comme le dit si bien Volker Türk :
Le moment est venu de choisir l’inclusion plutôt que l’incarcération, les personnes plutôt que la punition.
Et si on respirait un peu ?
En clair, pendant que certains s’acharnent encore à diaboliser les usagers et à bétonner les prisons, l’ONU choisit d’ouvrir les fenêtres et d’aérer les esprits. Moins de flics, plus de soins, et surtout moins d’hypocrisie internationale : voilà le vrai trip proposé par Volker Türk.
Alors, est-ce qu’on va enfin changer de disque ? On l’espère. Parce que ça fait longtemps que la « guerre contre la drogue » ressemble surtout à une guerre contre les pauvres. Et devinez quoi ? C’est pas très humain.