#MiCannabis Les chercheurs défendent la légalisation

Une nouvelle série d’auditions vient d’avoir lieu à l’Assemblée Nationale pour la Mission Cannabis. Hier Mercredi 5 Février ce sont les chercheurs universitaires qui se sont succédés au micro de la MIC.

L’échec criant de la prohibition du Cannabis  a été mis en relief par à une série d’observations indiscutables. Le Cannabiste passe en revue les principaux points de cette haletante journée. Séquence frisson, attention c’est du lourd.

 

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Hier devant un parterre de députés stupéfaits, les chercheurs Français ont fait preuve d’une grande lucidité au sujet du Cannabis. Données en main, les uns après les autres sans aucune exception, ils nous ont expliqué qu’un modèle de société différent, autour du Cannabis, serait non seulement souhaitable mais nécessaire en urgence, à la place de la très criminogène prohibition en vigueur aujourd’hui.

#Prohibition

La grande perdante du jour : la prohibition, dont les pans entiers d’un mensonge grossier ont été éventés en public.

Hier, la France est officiellement sortie de l’obscurantisme scientifique en matière de Cannabis, pour qui voulait l’entendre. Nous, on en a pas perdu un gramme.

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Les doctes intervenants ont méthodiquement analysé et décortiqué la situation actuelle, qui se vit au détriment du bon sens et de la paix sociale pour des millions de Français, depuis 50 ans.

C’est un sentiment un peu étrange d’entendre des gens brillants et instruits défendre les mêmes thèses et les mêmes vérités, qu’une bande de punks à chiens devant Monoprix. Oui, indubitablement et de toute urgence il faut légaliser et réguler le Cannabis en France.

Voici point par point pourquoi et comment, selon les meilleurs spécialistes la matière.

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#Bernard Roques

Bernard Roques
Bernard Roques – Pharmacologue chercheur à l’Inserm – Spécialiste des drogues. Image @Wikipedia

Premier intervenant, le professeur Bernard Roques, enseignant et chercheur en pharmacologie, il est spécialisé dans le domaine de la biochimie. Expert reconnu en matière de drogues, le professeur étudie le sujet de manière dédiée depuis plus de 30 ans, avec une spécialisation pour les opioïdes.

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Bernard Roques, on lui doit bon nombre d’innovations médicales et de traitements, qui sont utilisés aujourd’hui par des millions de patients, comme les antihypertenseurs par exemple.

Roques est très certainement ce que la France a fait de mieux, en matière de recherche sur les effets biologiques des substances, professeur émérite à l’université Paris Descartes, membre de l’Académie des sciences. Fiche INSERM

#1998

A la demande de Bernard Kouchner, lorsqu’il était ministre de la santé en 1998, le professeur avait établi un classement de dangerosité des drogues selon leurs caractéristiques propres.

Il y apparaît clairement selon les critères définis que le Cannabis ne présente qu’une dangerosité très relative. Ce classement fait toujours date aujourd’hui car il reste impossible à contredire. 

 

 

Déclarations de Bernard Roques devant la commission du 5 Février

  • Les drogues ne sont que le reflet des messageries dans notre cerveau
  • Le Binge drinking est quelque chose de terrifiant pour les adolescents 
  • il semblerait que le THC réduise les problèmes de dépendance et d’addiction (..) chez le rat bien sur …

 

  • Si on considère que le THC peut devenir un médicament alors il faut le contrôler de manière extrêmement précise 
  • L’addiction n’est pas qu’un problème de chimie c’est un problème d’état émotionnel du patient
  • On mesure la puissance de l’addiction à une drogue à l’énergie qu’on doit mettre pour se la procurer et aux efforts pour s’en délivrer

Best of :

  • Rien ne confirme la théorie de l’escalade, (…) c’est d’ailleurs l’inverse qui a lieu. Les études ont montré que ‘l’utilisation du cannabis diminue les problèmes de dépendance aux opioïdes.
  • C’est l’inverse de la dépendance, c’est la réduction. 
  • Non les histoires d’escalade c’était dans la tête des gens vous voyez?

Quelques point précis :

  • A l’époque ou le rapport Roques a été produit (1998), le Cannabis médical n’était pas une hypothèse. Les connaissances médicales en particulier celle du Système Cannabinoïde Endogène, n’existaient pas encore – à ce sujet l’avis du professeur n’est pas éclairé
  • Effet d’entourage: on ne connait pas encore, mais on cherche. Le professeur propose des études d’impact conjointes THC/CBD pour comprendre les mécanismes d’interaction du Cannabis
  • Le professeur dit en creux que les Cannabinoïdes de synthèse pourraient représenter une solution. C’est mal connaître les nombreux problèmes graves liés à ce principe.

#Alessandro Stella

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Alessandro Stella – directeur de recherche en anthropologie historique au CNRS et enseignant à l’EHESS de Paris – Image Révolution permanente @Twitter

Directeur de recherche au CNRS Alessandro Stella est un historien spécialisé dans l’histoire des drogues. Il est spécialiste en particulier du Cannabis pour la période récente. Clairement étiqueté à gauche c’est un scientifique actif et engagé.

Déclarations d’Alessandro Stella devant la commission du 5 Février

  • Encore aujourd’hui 80% des condamnés à mort dans le monde le sont pour trafic de drogue
  • En France avec 200K Garde à vue par an pour de petites quantités de Cannabis (…) c’est beaucoup de dégât humain, économique et social
  • La prohibition a fait ses preuves que non seulement elle est inutile mais elle est néfaste 
  • La légalisation du Cannabis permettrait (…) de pacifier les quartiers sensibles 

 

  • Face à 50/60k morts respectivement du tabac et de l’alcool (…) le Cannabis un soir, ne conduit pas à la mort, c’est pratiquement impossible Donc il faudrait sortir de cette prohibition par le haut
  • Le Cannabis s’est répandu en occident, en France en particulier, sous la prohibition. C’est la preuve que la prohibition n’empêche pas la diffusion de la consommation. Et favorise tous les aspects criminogènes liés au marché noir, ce qui est un problème politique majeur

Best of :

  • Pour apprendre les usages du Cannabis qui posent le moins compliqués  il faut éduquer. Mais éduquer: pas avec le gendarme qui va au collège et qui ouvre la mallette, (..) c’est pas ça qui va dissuader les jeunes de s’approcher d’un produit 

  • La prohibition non seulement ne sert à rien mais empêche d’éduquer et d’instruire les jeunes

#Emmanuelle Retaillaud-Bajac

Emmanuelle Retaillaud Bajac

Historienne à l’université de Tours, Maître de conférences HDR en histoire contemporaine. La chercheuse est spécialisée sur l’histoire des drogues pour la période de l’entre-deux guerres. .

Après un rappel sur l’histoire de l’usage des drogues et de la prohibition, elle nous rappelle qu’un certain nombre de légendes entourent l’histoire du Cannabis. Des légendes dont les origines historiques restent souvent discutables …

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Emmanuelle Retaillaud-Bajac nous rappelle que la première législation répressive en matière de Cannabis, remonte à la première guerre mondiale: 1916 (NDLR: Sic)

Déclarations d’Emmanuelle RB devant la commission du 5 Février

  • D’un pur point de vue de technique répressive, il n’y a pas besoin de pénaliser l’usage pour aboutir à la répression des consommateurs. (…) en 1970 (date de la mise en place de la prohibition récente) l’enjeu de la criminalisation de l’usage est d’ordre symbolique, il s’agit d’envoyer des signaux à l’opinion 

À propos du Cannabis: 

  • Le terme haschich pour certains signifierait « assassin », l’étymologie est apparemment tout à fait contestable, une imagerie irrationnelle s’est construite au fil du temps autour du Cannabis

 

  • Cette crispation autour des enjeux du Cannabis est liée a des raisons plus étroitement politiques (..) adoptée par un gouvernement de droite dans le prolongement de Mai 1968 (…) il fallait mettre une barrière à cette dérive gauchiste.

 

A lire sur Le Cannabiste

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#Erwan Pointeau-Lagadec

Erwan Pointeau Lagadec

Doctorant en histoire de à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
agrégé d’histoire. Il est l’auteur d’une thèse intitulée ‘Consommation de cannabis et fiction française : de la représentation filmique à l’imaginaire social (1969-2002)‘.

 

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Le chercheur amène des notions tout à fait essentielles à la compréhension du Cannabis en France lors de cette Mission Cannabis.

  • ‘La Massification’ de l’usage’ des substances en quelques décennies 
  • ‘L’accommodement culturel des Français au Cannabis à partir des années 1960
  • ‘La Panique Morale’ des parlementaires qui ont voté la loi, après un fait divers sordide à Bandol en 1970

En réalité les études montrent que toutes les lois prohibitionnistes ont été votées au lendemain de faits divers sordides, qui avaient choqué l’opinion publique.

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Le chercheur évoque également l’histoire récente de la ‘normalisation‘ du Cannabis et le ‘regard sociétal bienveillant’ qui accompagne cette plante dans les médias depuis, grosso modo: 60 ans.

Déclarations de Erwan PL devant la commission du 5 Février

  • Si vous vous rendez dans n’importe quel bureau de tabac (…) vous pouvez acheter des feuilles longues, des briquets des cendriers au motif du Cannabis, des grinders pour écraser l’herbe, des pipes à eau pour la fumer. Et donc il existe bien une culture matérielle du Cannabis en France et déjà une économie qui est bien légale

 

  • Si vous regardez l’Espagne ou la Hollande, les jeunes ont un rapport totalement différent à cette substance. une dimension transgressive ajoute une charge à l’adolescence. (…) C’est la loi prohibitionniste qui fait que les jeunes ont un rapport problématique avec le Cannabis, à cause de cette prohibition

#Laurent Mucchielli

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Laurent Mucchielli – Sociologue et Directeur de recherche au CNRS – Image @ FB

Quand vous voyez deux ‘C’ suivis d’un H, en Corse ça se prononce ‘K’. Le président de la MIC Robin Reda, a donné la parole en écorchant un peu le nom de Laurent Mucchielli.

Fort heureusement cela n’a rien gâté à la parole de l’expert que décidément l’on avait pas invité pour rien.

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Laurent Mucchielli est Directeur de recherche au CNRS il est spécialisé dans la sociologie et la criminologie, c’est un des meilleurs spécialistes Français de ces questions. Il a créé et dirige l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux (ORDCS) à l’Université d’Aix-Marseille.

 

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Devant la Mission Cannabis, il évoque en particulier la situation alarmante de sa région de prédilection : les Bouches du Rhône.

La thèse qu’il vient de publier en Décembre dernier porte sur l’étude des réseaux de distribution des stupéfiants à Marseille

Déclarations de Laurent Mucchielli devant la commission du 5 Février

  • La prohibition ça s’appelle à la politique de l’autruche (..) c’est une mauvaise plaisanterie. L’histoire ancienne montre que la prohibition n’a jamais rien réglé.(…) C’est une forme d’hypocrisie à mes yeux
  • L’application de la loi est typiquement du : 2 poids 2 mesures. La prohibition n’a clairement  d’effet que sur certaines classes sociales (…) La répression touche à 90% exclusivement les milieux populaires. C’est une rupture d’égalité majeure devant la loi.
  • La grande difficulté de faire de l’éducation et du soin dans cette configuration
  • Les conséquences désastreuses du système font qu’il y a presque une obligation morale à en sortir

En réponse aux questions des députés :

  • L’expression qui me convient le mieux c’est celle de réglementation. (…) Personne ne peut imaginer dépénaliser totalement quelque chose sans voir les questions de santé publique  aussi bien que pour l’alcool. Il y a la voie du milieu, celle qui consiste à réglementer.(…) C’est ce qui permet d’expliquer les règles.
  • La prohibition est une plaisanterie, une grosse partie de l’appareil policier/judiciaire (…) pour absolument rien comme résultat. Absolument rien, dans les semaines qui suivent le démantèlement d’un réseau, un autre a pris sa place, très clairement.

#Le mot du rédacteur 

Par ces dernières auditions la France, vient de sortir de l’obscurantisme cannabique. Les plus jeunes parleront d’un « Level Up », les plus anciens surement de ‘la voix de la raison’. 

Car la musique que nous ont joué ces chercheurs Français, c’est définitivement celle du changement. Auront-ils été entendus ?

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De nouveaux, des intellectuels et des chercheurs seront l’objet d’auditions devant la Mission Cannabis au fil des semaines. Les prises de paroles se succèdent et ne ressemblent pas. Mais ce dernier 5 février la prohibition en a pris pour son compte et c’est tant mieux, car cette chienlit criminogène, le mérite bien.

 

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Sources : Vidéo Assemblée Nationale

– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –

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Fondateur et rédacteur du média Le Cannabiste. Je suis un journaliste autodidacte spécialisé dans le domaine du Cannabis. J'ai été choisi par un incubateur de Cannabusiness New Yorkais pour devenir leur consultant permanent en matière de Cannabis. Je publie de nombreux articles interviews et essais en langue Anglaise ainsi que pour la presse Française et l'industrie du Cannabis en général.