Joe Biden a récemment accordé une grâce présidentielle à son fils, Hunter Biden, déclenchant une vague de réactions dans les cercles militants pour la réforme judiciaire. Pendant ce temps, près de 3 000 détenus croupissent encore derrière les barreaux pour des délits liés au cannabis, une substance désormais légalisée dans une grande partie des États-Unis. Alors, l’heure serait-elle venue pour le président de se pencher sur ces « oubliés » du système ? Sur Le Cannabiste, on ne laisse rien passer, surtout lorsqu’il s’agit de pardons sélectifs qui sentent plus la fumée que le bon vieux sens de la justice.
Hunter Biden gracié : le choix controversé du président
Le 2 décembre 2024, Joe Biden a fait sensation en offrant à son fils, Hunter Biden, une grâce présidentielle couvrant des accusations de possession de drogue et de fraude fiscale. Cette décision, certes légale, a suscité une levée de boucliers, en particulier de la part des militants pour la justice sociale et de la réforme des lois sur le cannabis.
Sarah Gersten, directrice de l’organisation Last Prisoner Project (LPP), n’a pas mâché ses mots :
Si le président reconnaît les injustices de notre système pour son fils, pourquoi ne pas étendre cette logique aux milliers de prisonniers fédéraux incarcérés pour des infractions non violentes liées au cannabis ?
L’affaire met en lumière un fait gênant : malgré la légalisation partielle du cannabis, 3 000 détenus fédéraux restent emprisonnés pour des délits qui, aujourd’hui, ne mèneraient probablement même pas à une convocation au tribunal dans de nombreux États.
Controverses et indignations
À Washington, les politiques ont rapidement tiré sur la corde sensible de l’opinion publique. Weldon Angelos, ancien prisonnier gracié pour une affaire de cannabis sous l’administration Trump, a pointé l’absurdité de la situation : « Biden a pardonné plus de dindes que de prisonniers liés au cannabis. » Une pique cinglante qui met en évidence l’inaction du président en la matière.
Même dans les rangs républicains, les critiques fusent. Thomas Massie (R-KY) a souligné une injustice flagrante : de nombreux Américains emprisonnés pour des délits de cannabis sont également des détenteurs d’armes à feu – un point commun avec Hunter Biden qui, pourtant, bénéficie d’un traitement de faveur.
L’envers du décor : des lois dépassées, des prisons pleines
Le pardon controversé de Hunter Biden a ravivé le débat sur les double standards de la justice américaine. Aux États-Unis, où 23 États ont légalisé l’usage récréatif du cannabis, l’incarcération pour des infractions liées à cette substance semble de plus en plus anachronique.
En 2022, Biden avait amorcé un mouvement prometteur en annonçant des pardons fédéraux pour des cas simples de possession de cannabis. Une avancée saluée… mais vite relativisée. Ces mesures excluaient les individus déjà incarcérés pour des délits plus complexes, laissant des milliers de personnes, souvent issues des minorités raciales, croupir en prison.
Des études montrent que les Afro-Américains sont bien plus susceptibles d’être arrêtés pour possession de cannabis que leurs homologues blancs, malgré des taux de consommation similaires. Cette disparité criante reste un point noir pour une administration qui se veut progressiste.
La pression monte : militants et élus en action
Les critiques autour de la grâce de Hunter Biden ont redonné un coup de fouet aux organisations militantes comme Last Prisoner Project. Leur nouvelle campagne, baptisée #Countdown4Clemency, exhorte Joe Biden à profiter de ses derniers mois au pouvoir pour agir. Leur demande ? Libérer les 3 000 détenus fédéraux encore emprisonnés pour des délits non violents liés au cannabis.
Weldon Angelos, qui connaît bien le poids de l’incarcération, n’a pas mâché ses mots : « Hunter Biden incarne l’hypocrisie du système. Pendant que certains reçoivent des passe-droits, des milliers d’autres, souvent sans ressources ni influence, restent enfermés pour des infractions mineures. »
Cette mobilisation dépasse les frontières des organisations militantes. En novembre dernier, un groupe de 67 élus démocrates a adressé une lettre à Biden, lui demandant d’étendre ses pardons. La Maison Blanche, sous pression, a laissé entendre que de nouvelles mesures pourraient être annoncées avant janvier.
Et après ? Vers une réforme fédérale indispensable
Le cas de Hunter Biden est-il une étincelle pour un changement de grande ampleur ? Rien n’est moins sûr. Bien que le président ait amorcé des réformes en 2022 pour amnistier les condamnations fédérales pour usage et détention de cannabis avec une révision du statut légal du cannabis, les avancées restent limitées.
Morgan Fox, directeur politique de NORML, a résumé la situation : « Biden a accompli des avancées historiques, mais son inaction sur les prisonniers incarcérés ternit son mandat. »
À l’international, des pays comme le Canada prennent de l’avance sur la décriminalisation, laissant les États-Unis embourbés dans des lois incohérentes. Une réforme fédérale est indispensable pour harmoniser les législations et répondre à la pression croissante des militants et des élus.
Alors que l’industrie du cannabis prospère, les 3 000 détenus fédéraux incarnent une contradiction troublante. Joe Biden, déjà critiqué pour son bilan mitigé, pourrait saisir cette opportunité pour marquer son mandat d’un geste fort en matière de justice sociale.
Source : marijuanamoment.net