Le 7 avril 2025, les coffeeshops néerlandais entreront dans une nouvelle ère : fini le cannabis issu de la « porte de derrière », place à une production 100 % légale et contrôlée. Ce projet pilote, testé dans dix municipalités, vise à transformer en profondeur le marché du cannabis aux Pays-Bas. Entre santé publique, sécurité et organisation de la chaîne d’approvisionnement, cette expérience soulève autant de questions qu’elle apporte d’espoir. Quand même les coffeeshops se mettent au droit chemin, c’est sur Le Cannabiste !
Une régulation stricte pour des coffeeshops exemplaires
Le 7 avril 2025 sera une date clé pour 70 des 75 coffeeshops des 10 municipalités participantes. Ces établissements devront désormais s’approvisionner uniquement auprès de producteurs agréés, mettant un terme à des décennies d’approvisionnement informel. La fameuse « porte de derrière », synonyme d’un marché gris toléré mais non régulé, cédera la place à un cadre légal strict.
Cette transition, portée par David van Weel, ministre de la Justice, et Vincent Karremans, secrétaire d’État à la Santé, s’accompagne d’un renforcement de l’offre. Dès avril 2025, trois nouveaux cultivateurs agréés viendront s’ajouter aux fournisseurs existants, portant leur nombre total à sept. Ce changement vise à résoudre l’un des principaux points faibles identifiés par les coffeeshops : le manque de diversité et de volume des produits.
L’objectif est clair : démontrer qu’un marché du cannabis entièrement régulé peut répondre aux attentes des consommateurs tout en garantissant sécurité et qualité. Mais ce virage réglementaire s’accompagne de défis majeurs, et les Pays-Bas devront prouver que ce modèle est non seulement viable, mais aussi exportable.
Expérimenter pour mieux réguler
Cette phase d’expérimentation, qui s’étendra sur quatre ans, a pour mission principale de répondre à des questions cruciales : une régulation stricte peut-elle réellement réduire les effets négatifs d’un marché non contrôlé ? Peut-elle limiter les nuisances tout en garantissant un approvisionnement suffisant et varié ?
Un comité indépendant de suivi et d’évaluation a été mandaté pour mesurer les impacts de ce projet sur plusieurs fronts : santé publique, criminalité, sécurité communautaire et réduction des nuisances locales. Ce comité analysera aussi l’acceptabilité de ce nouveau modèle par les consommateurs et les coffeeshops eux-mêmes.
Cette expérimentation, inscrite dans l’accord de coalition du troisième gouvernement Rutte, constitue une réponse aux nombreuses critiques sur le modèle néerlandais. Si le système de tolérance a permis de réduire certains problèmes liés au cannabis, il a également laissé subsister des zones grises propices aux activités criminelles.
Les villes pilotes : au cœur du dispositif
Dix municipalités néerlandaises, dont Breda, Tilburg, Groningen, Nijmegen et Zaanstad, ont été choisies pour jouer le rôle de laboratoires. Leur diversité géographique et démographique en fait un terrain idéal pour évaluer les impacts de ce nouveau cadre légal.
Depuis juin 2024, ces municipalités ont testé un système hybride : les coffeeshops pouvaient vendre à la fois du cannabis provenant de producteurs agréés et des produits issus de circuits non régulés. Cette période de transition a permis aux établissements et à leurs clients de s’habituer progressivement à cette évolution majeure.
À partir d’avril 2025, ce double système prendra fin. Seuls les produits issus de la chaîne d’approvisionnement légale pourront être vendus dans les coffeeshops participants. Les résultats de cette expérimentation locale serviront à ajuster les règles et pourraient même inspirer d’autres régions aux Pays-Bas, voire dans d’autres pays.
Les producteurs agréés : une pierre angulaire
Au cœur de cette expérience se trouvent les producteurs agréés, garants de la qualité et de la traçabilité du cannabis. Ces acteurs sont soumis à des normes strictes pour assurer un approvisionnement sécurisé et répondre aux besoins des consommateurs.
Dès avril 2025, l’arrivée de trois nouveaux cultivateurs, portant leur total à sept, devrait résoudre le problème du manque de diversité de l’offre. Cette mesure est cruciale pour convaincre les coffeeshops, souvent sceptiques face aux limitations imposées par la régulation.
Avec une offre plus variée et adaptée aux attentes des clients, les autorités espèrent renforcer la crédibilité de ce nouveau système.
Les défis politiques et l’avenir de l’expérimentation
Sur le plan politique, cette expérimentation suscite des débats intenses. Bien qu’elle ait été portée par le troisième gouvernement Rutte, elle divise les partis : si le VVD continue de soutenir pleinement le projet, des formations comme le PVV, le NSC et le BBB affichent leur scepticisme. Ces divergences pourraient compliquer l’extension du modèle si les résultats de la phase expérimentale ne sont pas jugés concluants.
Cependant, les autorités comptent sur les conclusions du comité d’évaluation pour convaincre les opposants. Si cette expérience démontre des bénéfices tangibles en termes de réduction des nuisances, d’amélioration de la sécurité et de santé publique, elle pourrait devenir un modèle pour d’autres pays.
Malgré les incertitudes, les Pays-Bas restent déterminés à montrer qu’une régulation stricte peut surpasser le modèle de tolérance, souvent critiqué pour ses zones d’ombre.
Source : Newsweed