Un virage annoncé vers le cannabis médical en France… mais pas encore confirmé. Oui, l’Hexagone semble vouloir emboîter le pas à d’autres pays plus en avance, en promettant d’ouvrir l’accès à ces traitements à base de THC ou de CBD. On nous parle de textes transmis à Bruxelles, de futures autorisations, de “généralisation” du dispositif.
En bref, il y a quand même du moove en ce moment !
Pourtant, ceux qui vivent avec des douleurs chroniques ou des pathologies sévères s’interrogent : va-t-on, cette fois, dépasser la théorie pour enfin proposer une alternative crédible, reconnue et remboursée ? Ou s’agit-il d’un nouveau faux départ, d’une promesse vite oubliée dans les méandres administratifs ?
On décrypte, ici, sur Le Cannabiste.
Une avancée réglementaire plus qu’attendue
Deux décrets, visant à encadrer la production et la dispensation du cannabis à usage médical, vont être notifiés à la Commission européenne, si tout se passe bien. Précisons que certains médias très connus ont affirmé que cette démarche avait déjà été effectuée, mais pour l’instant aucune notification ne confirme cela.
Cette démarche, connue sous le nom de procédure TRIS, constitue une étape clé : l’Union européenne doit en effet valider la conformité de ces textes avant tout passage à l’échelle nationale. À l’issue de ce processus, si aucune objection majeure n’est émise, la France pourra alors intégrer définitivement le cannabis médical dans son cadre légal.
Le rôle déterminant de l’Europe, mais aussi de la HAS ?
Malgré l’engouement que suscite l’arrivée (probable) annoncée du cannabis médical, la Haute Autorité de Santé (HAS) demeure la grande arbitre de son sort en France. Saisie pour évaluer l’intérêt thérapeutique de ces médicaments, la HAS doit prochainement rendre un avis crucial qui conditionnera, en partie, leur mise à disposition à grande échelle. Son feu vert est donc indispensable.
Pourtant, selon la procédure habituelle, l’autorisation de mise sur le marché des médicaments relève plutôt de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Cette situation soulève quelques questions : pourquoi confier à la HAS un rôle qui, d’ordinaire, incombe à l’ANSM ? Et surtout, la HAS sera-t-elle plus ou moins stricte dans ses recommandations ? L’exemple du Sativex, bloqué depuis 2014, montre que les avis émis peuvent parfois se révéler plus restrictifs que les attentes des patients. Ceci dit, l’ANSM a quand même décidé il y a quelque temps d’enlever les fleurs de l’expérimentation… alors que celles-ci permettaient la vaporisation, qui est un mode de consommation particulièrement efficace, donc bon. La peste ou le choléra ?
Autrement dit, l’enthousiasme actuel ne doit pas faire oublier les lourdeurs administratives habituelles…
Témoignage : quand le cannabis change la donne, quand le cannabis change des vies
Au-delà de l’enjeu purement réglementaire, les patients placent leurs espoirs dans ce potentiel changement de paradigme thérapeutique. Parmi eux, Amélie, atteinte d’une maladie rare, la syringomyélie. Elle confie dans une vidéo publiée par Le Parisien, avoir considérablement allégé son traitement “classique mais pas anodin” (lamaline, tramadol, etc.) grâce à un “sirop” associant CBD et THC (LGP Classic et Naxiva Panaxir). Incluse dans l’expérimentation en cours, elle redoute déjà la fin de la prolongation de six mois accordée aux participants, prévue fin juin 2025. Sans ce cadre légal pérenne, elle craint de devoir renoncer à l’unique solution qui soulage ses symptômes.
Nous vous laissons avec ce témoignage poignant et criant de vérité, de réalité !
(lien vers la vidéo car nous ne pouvons pas vous la mettre ici)
Vers une avancée réelle pour le cannabis médical en France ?
Si l’optimisme est permis grâce à ces dernières avancées et au soutien de certains professionnels de santé (mais aussi du secteur du CBD entre autres), plusieurs zones d’ombre persistent (encore…) concernant le sort du cannabis thérapeutique en France.
La fixation du prix, le remboursement par l’assurance maladie, l’approvisionnement, etc. Mais aussi l’aval définitif des autorités demeure autant de points cruciaux qui pourraient freiner la mise à disposition concrète du cannabis thérapeutique.
En attendant, les patients inclus dans l’expérimentation (du moins sa prolongation) continuent de vivre dans l’incertitude, tout en espérant que cette nouvelle impulsion politique aboutisse rapidement à un accès durable aux traitements à base de cannabis.
Pour nombre d’entre eux, c’est tout simplement une question de qualité de vie, voire de survie…
Sources : francetvinfo.fr / radiofrance.fr / letelegramme.fr
