La plus grande étude menée à ce jour sur des conducteurs ayant consommé du Cannabis vient d’être publiée au mois de mai dernier aux États unis. Il s’agit d’une étude particulièrement sérieuse, financée par l’État et menée en protocole randomisé avec double aveugle, groupe placebo et groupe témoin sur 192 conducteurs.
Conclusion pas de corrélation significative entre le niveau de THC dans le sang et la maîtrise d’un véhicule en situation de conduite. « Aucun élément ne permet de distinguer les conducteurs avec du THC dans le sang des autres conducteurs », selon les propres mots des chercheurs dans cette étude.
Étude: le THC dans le sang n’influence pas la conduite. Quand la science dérange, c’est sur Le Cannabiste.
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Avertissement: « En France la conduite, ou l’accompagnement d’un élève conducteur, après avoir fait usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est interdite, quelle que soit la quantité absorbée. La police et la gendarmerie disposent d’un kit de dépistage salivaire qui détecte les différents types de drogues en quelques minutes. (…) Ce test peut être demandé même lorsque le véhicule est à l’arrêt, moteur coupé.» Renseignements et infos sur http://www.securite-routiere.gouv.fr
#USA
Le cannabis est de plus en plus utilisé à des fins médicales et récréatives outre-Atlantique. Du coup sa consommation est l’objet de toutes les attentions par les autorités. C’est particulièrement vrai en matière de sécurité routière.
Jusque là les études massives menées par le gouvernement sur des milliers de conducteurs n’ont rien trouvé d’alarmant en matière de Cannabis.
Nous avions déjà commenté l’une d’entre elles où il n’était fait preuve statistiquement d’aucun accroissement du danger de la part des usagers, souvenez-vous c’était en 2020.
« Les statistiques incorporant le facteur démographique ne montrent pas d’augmentation de risque d’accident de voiture après usage de THC » Article.
Il existe plusieurs facteurs qui influencent la relation entre le cannabis et l’altération. Cela inclut les facteurs liés au cannabis lui-même (par exemple, la teneur en THC), les caractéristiques de l’utilisation du cannabis (par exemple, voie d’administration, fréquence et quantité d’exposition). Enfin il faut considérer les caractéristiques de l’individu utilisant le cannabis (par exemple, expérience, utilisation antérieure) et le moment de l’évaluation de l’altération par rapport à la prise du médicament. Enfin son état de santé général (tension artérielle, indice de masse corporelle et musculaire groupe sanguin, patrimoine génétique, antécédents médicaux etc …)
#Inhalation
Les effets psychoactifs de l’inhalation de cannabis commencent quelques minutes après la consommation et atteignent leur apogée dans les 3 heures, tandis que l’administration par voie orale provoque des effets qui commencent environ 1 heure après la prise et peuvent se manifester jusqu’à 6 heures après l’ingestion.
Il est bien établi que le THC diminue la performance de conduite, par exemple en augmentant la variabilité de la vitesse du véhicule et en diminuant le temps de réaction. Les effets du THC sur la performance de conduite peuvent varier en fonction de la dose et sont plus prononcés en présence d’alcool.
Tout cela ne fait évidemment aucun doute.
L’étude qui nous intéresse aujourd’hui capture Academic.OUP.com
#Détection
En revanche l’identification des conducteurs sous l’influence du cannabis est compliquée par le manque de corrélation entre les concentrations de THC dans le sang et les mesures de l’altération de la conduite.
Chez certaines personnes, de faibles concentrations de THC peuvent entraîner des altérations importantes de la conduite, tandis que d’autres peuvent présenter une performance normale malgré des concentrations de THC plus élevées.
Les méthodes analytiques actuelles pour détecter le THC comprennent la mesure de la concentration de THC dans le sang, la salive et l’haleine, ainsi que les tests d’urine pour détecter les métabolites du THC.
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Ces méthodes peuvent indiquer la consommation de cannabis, mais elles ne sont pas bien corrélées avec l’altération de la conduite. Les concentrations de THC dans le sang et la salive diminuent rapidement au fil du temps, de sorte qu’il peut y avoir un écart important entre le moment où l’on soupçonne qu’une personne a utilisé du cannabis et le moment où les échantillons sont prélevés pour analyse.
Or il est désormais acquis scientifiquement que les effets narcotiques marqués du Cannabis par inhalation ne se prolongent pas au delà de 4 heures.
Si vous ajoutez à cela une relative fiabilité des test salivaires au moment de la détection, il est évident que la détection d’un niveau dangereux de THC à un instant T c’est pratiquement: mission impossible.
#Dépistage comportemental
L’étude menée par les scientifiques US depuis la Californie et financée par l’État montre que les concentrations de THC dans le sang, la salive ou l’haleine ne sont pas directement liées aux performances de conduite altérées. Fin de l’histoire.
Cependant, combiner des tests de dépistage positifs avec des concentrations de THC spécifiques dans la salive a amélioré la précision de la détection des conducteurs sous l’influence du cannabis, ce qui ne veut pas dire sous effet.
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Mais comme aucune variation de comportement ne permet de différencier les conducteurs avec de hauts niveaux de THC dans le sang des autres, il ne reste à l’état qu’une seule solution : le dépistage comportemental, pourquoi?
Premièrement pour les raisons citées plus haut : la spécificité du corps et l’accoutumance.
Mais aussi parce que dans la ‘nature’ les conducteurs ne consomment jamais une seule molécule ni un seul produit. Prenez la question des interactions médicamenteuses avec l’alcool. La petite étiquette rouge sur la boite ça vous dit quelque chose ?
En deux mots : parce que c’est le conducteur qui tient le volant pas la molécule.
La sécurité routière et l’usage de substances est un problème aux dimensions et aux géométries variables. Mais plus le temps passe, plus on y regarde scientifiquement et moins il apparait que le Cannabis est le responsable de tous les maux à cet endroit.
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La bonne nouvelle c’est la courbe rouge sur ce graphique qui matérialise le nombre de tués sur la route en France, depuis son apogée en 1972. Ce chiffre a été divisé par 6, malgré la hausse croissante du trafic, bravo collectif : vous êtes formidables.
Cela signifie 2 choses:
- Ceux qui vous vendent l’hécatombe routière comme une catastrophe nationale menaçant notre pays, sont des escrocs: On meurt 40 fois plus de l’alcoolisme en France en 2023.
- Ceux qui vous vendent le Cannabis comme première cause de cette soi-disant hécatombe sont des escrocs, probablement atteints d’une forme de mythomanie contagieuse.
Dont acte.
🚨🇫🇷 FLASH | Le #permis de conduire sera automatiquement suspendu en cas de conduite sous #stupéfiants, a annoncé Élisabeth #Borne.
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— Cerfia (@CerfiaFR) July 17, 2023