Auteur talentueux, cultivateur génial, Jean-pierre Galland c’est une vie de résistance. C’est plus de de 40 années à imaginer ce que sera le Cannabis libre de demain.
Depuis la parution de son livre Fumée Clandestine en 1991, c’est la première fois que Jean-pierre Galland reprend publiquement la plume à l’exception de ses collaborations associatives et militantes avec ASUD. Il a choisi Le Cannabiste dans une liberté d’écriture totale. Il nous parle aujourd’hui de la culture individuelle du Cannabis autrement dit de l’Autoculture.
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Carte blanche à Jean-pierre Galland avec une question:
« Est il est raisonnable de considérer la légalisation de l’autoculture du Cannabis comme une utopie ? »
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« De tous les effets pervers de la prohibition, celui que je préfère c’est l’autoproduction« , mais aussi : « L’autoproduction est certainement l’un des chapitres qui tient le plus au cœur des cannabinophiles, parce qu’elle permet un approvisionnement non marchand, des cadeaux et des échanges particulièrement bien adaptés, à la convivialité du cannabis« .
Ainsi débutait le texte intitulé Rendez-vous au cannabistrot publié par le Circ il y a une vingtaine d’années.
L’autoproduction, ou si vous préférez l’autoculture, est une pratique en pleine expansion. Pour preuve le nombre de boutiques qui se sont multipliées à l’aube du XXIe siècle, on y propose tout le matériel nécessaire pour planter du Cannabis en extérieur et plus encore en intérieur. Il faut ajouter à cela, depuis quelques années, la multiplication des comptoirs où l’on vend des graines de collection qu’il ne faut surtout pas faire germer (c’est marqué sur le paquet!).
Car si l’on se retrouve en infraction de la loi, et c’est bon de se le rappeler, produire du Cannabis est passible de 30 ans de prison et de 7,5 millions d’€ d’amende. (Ndr: Sic!)
Même les plus progressistes de nos politiciens ne voient pas l’autoproduction d’un bon œil. Pour témoignage la dernière proposition de loi déposée en 2014 par la sénatrice EELV Esther Benbassa où ne figurait aucune initiative vis-à-vis de l’autoproduction. Pourtant, le CIRC défend et promeut ce principe au nom de la réduction des risques depuis des lustres.
« remercions la prohibition qui a permis la production domestique du Cannabis »
Quant au concept de Cannabis Social Club, des associations loi 1901 regroupant des adultes qui cultivent et partagent le fruit de leur récolte, il est encore ignoré. Pourtant il est évident qu’il représente une alternative à la domination du marché par des organisations criminelles ou encore par de grands groupes capitalistes.
Une fois n’est pas coutume, remercions la prohibition qui a permis à la production domestique du Cannabis de fleurir dans tout l’Hexagone. Car même si ce n’est pas demain la veille, le jour où le cannabis sera légalisé (…) (légaliser c’est un verbe qui fait toujours peur et auquel les think-tanks préfèrent les verbes réguler ou encore réglementer) … (…) Le jour, écrivais-je, où le gouvernement ne pourra plus reculer sous peine de passer pour un ramassis d’imbéciles … Nombreux seront les cannabinophiles qui, pour des raisons économiques ou politiques, continueront malgré le risque, de cultiver du Cannabis pour eux-mêmes.
« une légalisation qui exclurait l’autoproduction sera automatiquement vouée à l’échec«
Les associations regroupant les usagers récréatifs ou thérapeutiques et les jardiniers en herbe, luttent à ce sujet depuis fort longtemps. Le message pour les experts et autres technocrates de tout poil, c’est qu’une légalisation qui exclurait l’autoproduction sera automatiquement vouée à l’échec.
Alors il fut un temps où les représentants des usagers étaient invités à débattre sur les plateaux. Aujourd’hui, ils sont marginalisés, voir méprisés. On les traite de soixante-huitard attardés ou d’utopistes … Le fait est que les médias préfèrent inviter des addictologues ou des lobbyistes à la petite semaine. Ils partent du principe que le cannabis est dangereux pour la santé, et militent pour un monopole d’état bardé d’interdits inutiles.
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— Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés —