Projet de Légalisation: Le Maire de Bègles nous répond

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La perspective d’une légalisation contrôlée du Cannabis à Bègles a fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Parmi les premières préoccupations la faisabilité mais également l’efficacité d’une telle expérience.

Le Cannabiste n’a pas échappé à cette règle avec l’expression dans nos pages de la représentante du Collectif Police Contre la Prohibition. Du Cannabis pour qui? Une expérimentation comment? Clément Rossignol Puech le Maire écologiste de Bègles répond courageusement à nos questions sans concessions. Projet de Légalisation: Le Maire de Bègles nous répond: Une interview exclusive sur Le Cannabiste.

 

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#Interview

LC : Au fait de l’impact médiatique de cette expérimentation : prochaine étape le JT puis le Ministère ? Vous vous projetez dans une carrière politique à la Mamère ?

Vous savez, je suis avant tout un élu de terrain pour les habitants. Mon combat premier en tant que Maire c’est d’être au service des Béglaises et des Béglais. Si les combats sont médiatisés c’est pour augmenter l’efficacité et provoquer le débat constructif. Cependant, je ne cours pas après la médiatisation. Je veux que les politiques dont je suis à l’initiative voient le jour.

Depuis janvier, je me suis engagé pour la mise en œuvre d’une expérimentation locale de légalisation encadrée du cannabis. Mon objectif est de pousser un maximum mes propositions. Évidemment, je suis très admiratif du parcours de Noel Mamère. Je rappelle qu’il a présenté le JT et a été candidat à la présidentielle ; je n’ai pas ces ambitions.

 

LC : Ce n’est pas une idée un peu ‘tordue’ pour une commune du prohibiland d’héberger sous sa coupe une petite bande de fumeurs de joints dans un coin ? Vous essayez de faire passer un message ?

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C’est vrai, nous sommes dans un pays prohibitionniste sur la question du cannabis. Justement, mon action est motivée par de nombreux objectifs dont la fin de la stigmatisation des usagers de cannabis. Dans le cadre d’une expérimentation nous allons devoir construire un panel : c’est le cas pour l’ensemble des expérimentations.

Depuis le début de ma prise de position pour faire de Bègles un territoire d’expérimentation de légalisation encadrée du cannabis, je veux imposer un débat de société. Je suis persuadé que notre société y est prête. Oui, d’une certaine façon je veux faire passer des messages : la solution c’est la légalisation encadrée au niveau national et l’expérimentation est une voie pour y arriver.

 

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LC : En tout premier lieu : de quel Cannabis parle-t-on clairement ; Cannabis doux, Cannabis fort ? Il viendrait d’où, serait proposé à quel prix et serait cultivé comment à priori ?

Nous partons d’une feuille blanche. Toutes les options sont à explorer. Depuis janvier, je m’entoure de professionnels de tous horizons (ici listes des exemples : producteurs et revendeurs de CBD, médecins, sociologues, policiers, magistrats…). C’est en s’entourant de professionnels compétents que l’expérimentation pourra voir le jour.

C’est en écoutant leurs préoccupations dans la diversité de leurs points de vue que nous répondrons aux questions que vous nous posez, que nous nous posons. Mais également, je prends l’avis de consommateurs et de proches de consommateurs.

Une table ronde a été organisée le jeudi 15 juin à Bègles afin de commencer à dresser les contours d’une expérimentation locale de légalisation encadrée du cannabis. Toutes les personnes voulant contribuer à faire avancer un modèle d’expérimentation sont les bienvenues et peuvent se faire connaitre auprès de la mairie. Je suis en contact également avec de nombreux élus favorables à la légalisation encadrée :maires, députés…

 

LC : Vous réalisez que ‘salle de consommation à moindre risque’ et ‘code pénal’ sont les seuls liens qui existent entre le Cannabis et l’Héroïne ?
On vous a dit qu’il y a là dehors des millions de gens heureux qui fument où ils veulent quand ils veulent, parfois tout nus chez eux, ou dans leur jardin. Vous savez, les 90 % d’usagers adultes paisibles, on les invite aussi à la salle de shoot-a shit, ou bien on livre un addictologue chez eux ?

J’ai constaté ces derniers jours que des informations erronées avaient été propagées. A l’heure actuelle, rien n’est arrêté. Nous voulons concerter largement les professionnels et les Béglaises et les Béglais. Parmi les objectifs d’une expérimentation comme nous l’appelons de nos vœux, nous voulons contribuer à stopper la stigmatisation existante aujourd’hui envers les consommateurs de cannabis.

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Mais également, contribuer à réduire les risques, la consommation des mineurs et à développer une véritable filière économique. Je rappelle que le tabac et l’alcool sont aussi des drogues, mais acceptées socialement. Le cannabis est en passe de l’être. L’encadrement par la loi est le maître mot. Je n’ai jamais eu à l’esprit de mettre un signe égal entre consommateurs de cannabis et consommateurs de « drogues dites dures ».

En revanche, nous savons que les usagers de cannabis doivent être mieux accompagnés et bénéficier d’une bonne éducation à la consommation comme nous l’ont indiqué l’ensemble des associations d’usagers de cannabis. Nous voulons écouter et construire en commun. Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés.

 

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LC : Appelons un chat un chat : C’est un Cannabis Social Club expérimental que vous proposez en fait ? Un Cannabis Club Municipal ? Cela devrait consister en quoi concrètement et comment ça serait aussi utile aux jeunes ?

Peut-être en effet. Aucun modèle n’est arrêté à l’heure actuelle. Les portes et les fenêtres sont grandes ouvertes à toutes les idées. Ce que je veux, c’est écouter et construire collectivement. A l’heure actuelle, quelques options ont été évoquées mais aucune décision n’est prise. Et aucune décision ne sera prise sans les premiers concernés, dont les habitants du territoire et les associations de consommateurs.

Dominique Broc, représentant du CIRC, a d’ailleurs participé à la table ronde du 15 juin dernier. Cependant, ce que je ne souhaite pas, c’est que Bègles devienne le lieu du tourisme de la consommation de cannabis en France.

 

LC : Dans le contexte actuel, on va vous reprocher de soutenir et d’encourager les trafics locaux, que vous répond le ministère de l’Intérieur là-dessus ? C’est pour un ami.

L’objectif au contraire est de mettre sur pied une légalisation contrôlée donc d’encadrer notamment la vente de cannabis, limitant de fait les possibilités de trafic illicite. Le ministère de l’Intérieur nous observe de loin pour l’instant, mais nous reprendrons contact avec le ministre dans quelques mois avec une proposition construite avec des acteurs professionnels et des habitants du territoire.

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Nous lui soumettrons ainsi un projet pertinent et qui colle aux besoins ; un modèle qui fonctionnera.

 

LC : Est-ce que vous pensez que cette initiative pourrait devenir contagieuse dans les mois qui arrivent, d’autres Maires vous ont déjà sollicité ? Vous êtes plusieurs à penser qu’en pleine guerre à la drogue ça pourrait mener quelque part ?

J’espère que d’autres Maire se joindront à moi. J’ai d’ores et déjà rassemblés des élus et personnalités de tous horizons dans une tribune parue le 4 juin (JDD).

Ce rassemblement, il faut qu’il continue. C’est en pesant largement que des expérimentations locales pourront voir le jour. Sortons de la prohibition du cannabis. C’est une urgence sanitaire et sociale.

 

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Interview réalisée en ligne au mos de Juin 2023 – Le Cannabiste Droits réservés

A propos Jean-Pierre 1227 Articles
Fondateur et rédacteur du média Le Cannabiste. Je suis un journaliste autodidacte spécialisé dans le domaine du Cannabis. J'ai été choisi par un incubateur de Cannabusiness New Yorkais pour devenir leur consultant permanent en matière de Cannabis. Je publie de nombreux articles interviews et essais en langue Anglaise ainsi que pour la presse Française et l'industrie du Cannabis en général.