Deux associations Françaises dédiées à la Réduction des Risques viennent d’être mises en demeure par Procès Verbal, de dénoncer aux autorités les noms des organisateurs des évènements festifs libres et spontanés auxquels ils contribuent: les Free Party.
Les associations expriment collectivement leur refus de collaborer aux enquêtes de police qui ciblent ces organisateurs et les usagers, mais partagent un vif sentiment d’inquiétude pour leur avenir. Dans la poursuite de la guerre aux drogués tous azimuts, le Ministère de l’Intérieur exige désormais la collaboration active des organisations qui informent le public in situ, sur les risques potentiels liés aux usages en matière de drogues et de sexe. C’est du jamais vu dans notre pays.
Le nouvel ordre national est sur Le Cannabiste.
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En France l’état considère généralement que ce n’est pas son rôle de prendre en charge la question de la réduction des risques. Les personnes en situation de dépendance aux substances prohibées, sont aujourd’hui considérées comme délinquantes et machinalement traitées en tant que telles.
Alors sur le terrain, épaulées par les professionnels de l’addictologie, il y a les associations.
#Zero Compassion
On connaissait déjà, la guerre aux drogués, cependant l’obligation de dénonciation de la part d’acteurs associatifs qui œuvrent auprès des groupes de personnes dites ‘à risque’ c’est la grande nouveauté de cette fin d’année 2021, en matière de guerre à la drogue.
Force est de constater qu’à part pratiquer les joies de l’incarcération et l’obligation de soins, la cohabitation entre la Macronie et les usagers de drogue n’est pas bonne du tout. Le règlement de ces questions se fait généralement chez nous par l’entremise d’une matraque, la joue écrasée entre un caniveau et une botte. Il se termine souvent devant le juge.
Oui dans la Gaule de 2021, les toxicomanes c’est encore et surtout, l’affaire de la police.
Le grand recul de la #RDR https://t.co/xkZYzzj817
— Couteron (@couteronjp) October 20, 2021
Car chez nous des drogués heureux, on ne veut pas en entendre parler. Quand à celles et ceux qui sont aux prises avec des substances prohibées mais qui ne souhaitent pas s’en défaire. Les ministères in fine, leurs proposent deux options: La prison ou l’asile psychiatrique.
#RDR
Alors il y quelques années de cela, alors que le monde découvrait à peine le virus du sida, de bonnes âmes parmi les savants se sont mises en quête de solidarité au travers du partage de la connaissance.
Cette prévention, qui sera plus tard baptisée Réduction Des Risques était née. Souvenez vous, nous avions parlé en détail de ce sujet avec Anne Coppel sur Le Cannabiste.
Aujourd’hui les descendants de ces militants humanistes comme Coppel, se nomment Orange bleue, ASUD, AIDES, Keep Smiling ou encore Techno +. Voici ce qui est en train de leur arriver concrètement, avec en filigrane la menace d’amendes et de poursuites judiciaires.
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« En août puis en septembre, Keep Smiling et Techno+, deux associations de Réduction des Risques (RdR) en milieux festifs, ont chacune reçu une demande étonnante et inquiétante de la Justice : dénoncer des organisateur·ices présumé·es de free-party, sous peine de sanction en absence de réponse (3750€ d’amende) » – Source –
Du côté des associations malgré la menace d’une amende c’est la fin de non recevoir.
À l’occasion d’un récent communiqué de presse plus d’une vingtaine d’entre elles, à travers tout le pays soutiennent ce refus de collaborer au travail d’investigation des services de l’état.
Pour en savoir un peu + nous sommes allés à la rencontre de Ombline Pimond, c’est la présidente de l’association Techno+.
« Chez Techno+ on se souvient encore d’une perquisition douloureuse qui avait fortement marqué les esprits il y a 5 ans en 2016. À cette époque on nous reprochait déjà d’être en relation avec des personnes qui consommaient des produits stupéfiants.
Lorsque ce dernier procès verbal est tombé nous avons éprouvé des sentiments partagés à l’association depuis un sentiment révolte jusqu’à l’inquiétude. Un décret de 2016 protège la confidentialité des personnes qui se confient aux non-médecins dans le domaine de la réduction des risques. Nous travaillons avec nos partenaires et nos conseillers sur les extensions juridiques de cette protection.
Quoi qu’il en soit nous ne disposons pas des informations que nous demande la police. Mais si c’était le cas, il faut rappeller qu’il n’est pas dans nos prérogatives d’assister le travail d’investigation des forces de l’ordre.
La véritable question en matière de respect des droits individuels et collectifs aujourd’hui ce serait plutôt: qui nous protège de la police. »
Ombline Pimond Présidente de l’Association Techno + jointe par la rédaction
Une fin de non recevoir courageuse, qui s’inscrit dans un contexte de répression sans précédent à l’encontre des évènement festifs, le tout sur fond d’autoritarisme sanitaire.
Un refus non négociable qui signale la colère de toute une génération, face aux partisans d’un ordre nouveau. Une prise de position collective qui vient ponctuer le scandale d’une répression devenue inhumaine et qui résume en 3 dates récentes:
- Juin 2019, fête de la musique à Nantes > une charge policière en bord de Loire provoque la panique, environ 15 personnes tombent à l’eau, l’une d’entre elle meurt.
- Décembre 2020, free party du nouvel an à Lieuron > les participant·es, dont les bénévoles de nos associations, reçoivent des amendes pour non-respect du confine ment au lieu de mettre en place une action d’information et de dépistage sur place. Un jeune suspect est placé en détention provisoire pendant 3 semaines pour organisation de l’évènement.
- Juin 2021, teknival de Redon > la Préfecture refuse l’accès aux secours alors qu’un jeune a eu la main arrachée. Le stand de prévention, dans lequel dorment des per sonnes blessées, reçoit plusieurs grenades lacrymogènes
(Source Techno+.org)
Avec sa récente promesse à Marseille d’aller ‘pilonner’ les drogués rien ne semble en mesure d’arrêter le jeune banquier Français mal élu en 2017 et très mal parti pour 2022. N’ayez aucun doute là dessus, le responsable de la politique actuelle de harcèlement des teufeurs et des drogués se trouve à la tête de l’Élysée.
Hélas pour lui, il faut bien le reconnaître, son seul succès politique aujourd’hui cela reste Zemmour avec un flingue au salon de l’armement. De toute évidence la remise en question après l’échec ne fait pas partie du logiciel périmé de la macronie, seul le droit et les urnes peuvent les faire reculer.
#Nos 2 Grammes
En matière de stupéfiants, un nouveau paradigme malsain s’annonce, un nouveau modèle s’avance. Il y aurait en définitive deux ‘camps’ qui s’affrontent: celui des délinquants et celui des collaborateurs zélés.
Les notions de compassion et de réduction des risques deviendraient-elles synonymes d’infraction ou de délit?
Dans quel pays voudrait-on vivre exactement?
La république En Marche ou Crève n’a jamais mieux mérité ce quolibet facile. La collaboration ou le bâton, des méthodes qui ont marqué l’histoire des dictatures et des conflits armés à travers le monde.
À croire que de promettre la guerre et son cortège d’abjections, c’est finalement tout ce que à quoi Macron aura été bon en 5 ans.
Souvent il reste la justice pour écrire, que la solidarité face au broyage des individus par un système inique n’est pas un délit.
Ça marche en matière de droits humains pour les réfugiés comme pour les drogués. Alors tous nos vœux de courage à celles et ceux qui œuvrent pour la RDR et la jouissance paisible, ainsi donc, pour le retour de la paix sociale, aux côtés des Cannabistes: Tous solidaires, tous tolérants, tous responsables.
#Votez
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Sources : Techno Plus // Twitter // Rédaction
– Jean-pierre Ceccaldi pour The Blinc Group – Le Cannabiste 2018 Tous droits réservés –